The Prayer › Scars

Ceux qui croyaient se trouver en face d'une formation gothic rock lambda suite au nom du groupe et à l'intro de 'Scars' sous forme de chant grégorien vont vite déchanter/se réjouir car sous des apparences cliché, The Prayer développe une musique assez inattendue, principalement dark electro. Le point de cohérence autour duquel convergent les efforts des deux musiciens reste l'ambiance, plutôt sous-terraine, avec notamment une voix toujours nappée d'échos ou axée sur des tonalités graves (jamais saturées), mixée en retrait, donnant ainsi l'impression d'enregistrements réalisés dans une cave. Pour le reste, on va dire que ça part dans bien des directions, de l'EBM dark de 'I see you' au gothique tribal de 'Scars', sans oublier des passages plus expérimentaux, The Prayer aimant parfois surprendre au moment où l'auditeur pourrait se croire pris dans un certain climat, ainsi 'Time is over' débutant sur des bases dark ambient lourdes sur lesquels se pose soudain un rythme de breakbeat dans une pure lignée Aphex Twin, avec chant lointain perdu dans les échos. C'est d'ailleurs le problème, plus l'album avance plus se dégage l'impression que le groupe expérimente au détriment de la composition, la trame musicale passant au second plan. C'est d'autant plus fâcheux que les orchestrations oeuvrant dans une voie assez dépouillée, on se lasse facilement. 'Eternal' et ses beats à la Depeche Mode, sa guitare, rattrape heureusement les choses avant un 'Suicide' final correct, presque hypnotique de par ses structures répétitives. Si l'on songe parfois à Project Pitchfork dans une version plus dépouillée, force est de reconnaître que la grosse faiblesse de 'Scars' est son manque de mélodies fortes. Ok, il y a volonté d'expérimenter, d'être audacieux mais ce syndrome 'touche à tout' nuit à la cohérence de l'album débouchant sur l'impression que le duo enregistre ses improvisations, teste différentes combinaisons. Tout n'est pas déplaisant pour autant dans 'Scars' (la chanson éponyme, 'Never again'...) mais le résultat, trop décousu à mon goût, sonne un peu décevant.