Terje Rypdal › To Be Continued

Avec tout le respect que nous lui devons, Progmonster a commis une légère erreur en attribuant le disque sans titre de Terje Rypdal au trio qu'il y formait en compagnie de Miroslav Vitous et Jack DeJohnette. C'est bel et bien à Rypdal et Rypdal seul qu'en revient la paternité, fort d'une esthétique que nous connaissons à présent, et à laquelle le chroniqueur émérite a cru bon de rendre hommage au travers d'une fort belle chronique emprunte de poésie mais qui oubliait au passage de parler musique ... Dans les faits, cette réunion au sommet n'a jamais été un groupe à part entière. Mais il est vrai que Rypdal avait tout à gagner en partageant équitablement cette tête d'affiche. D'ailleurs, "To Be Continued" ne doit sans doute son existence qu'à l'incroyable réussite de son prédécesseur ; la rencontre d'un esthète, d'un contrebassiste dont la réputation n'est plus à faire, à la recherche d'un second souffle, et un batteur à l'élégance jamais prise en défaut. L'alchimie entre ces trois hommes a donné naissance à une musique parvenant à faire s'emboîter de manière inédite les qualités propre de chacun des intervenants. Alors, redite ? Visiblement, ce n'est pas ce que nos trois acolytes avaient en tête en pénétrant à nouveau dans les murs du Talent Studio. En dépit des efforts consentis, ce nouvel album, bien qu'honorable, ne parviendra jamais à approcher la magie et l'inspiration de leur session de 1979. Vitous y impose à nouveau deux de ses compositions, un "Mountain In The Clouds", issu de son tout premier album, et "Morning Lake" qu'il avait concédé, tout comme "Will", à Weather Report. Ce sont paradoxalement à peu près les seuls titres qu'on trouvera vaguement passionnant. C'est dire si on s'ennuie. C'est encore Vitous qui vole la vedette sur l'inquiétant "This Morning" où il malmène sa contrebasse à l'archet. Au moins, nos musiciens auront ils eu le mérite de vouloir tenter autre chose sur "To Be Continued", un album plus formellement jazz, bien que "Maya" ou l'atmosphérique "Topplue, Votter & Skjerf" viennent nous rappeler que malgré cette association impromptue, Rypdal veille toujours au grain.