Eskorbuto › Impuesto revolucionario

Eskorbuto, un groupe punk originaire de Santurtzi au Pays Basque, l'un des pionniers du genre de la scène espagnole et l'un des premiers à chanter dans sa langue, devenant ainsi une influence déterminante non seulement pour les keupons d'Espagne mais également d'Amérique latine (bien des goths doivent sûrement apprécier également). Basque = engagé ? Au départ, un peu, jusqu'à ce que les musiciens se fassent arrêter sous le coup de la loi anti-terroriste pour avoir écrit sur des thèmes aussi sensibles que l'ETA ou la politique espagnole. Ayant l'impression d'avoir été peu soutenus durant leur emprisonnement, les membres écriront un titre, 'A la mierda el Páis Vasco' (un truc du genre 'Va te faire foutre 'Pays Basque'), qui leur vaudra quelques pépins, ce d'autant que Eskorbuto refusera toujours de s'engager au côté des formations rock basques radicales. Cela ne les empêche pas d'être connus pour leur texte directs et crus, attaques violentes contre la politique, la répression policière, les abus de l'Eglise...Après quelques démos, le groupe va sortira, outre un split, trois albums avant d'enregistrer ce disque live qui a tout d'un best of de la première période. Le son y est en effet excellent, le groupe très motivé. La base de Eskorbuto est plutôt rock, sauvage, sombre et électrique...une sorte de version espagnole des Dead Boys. Les rythmes ne sont pas forcément ultra rapides, tout se joue dans l'intensité des mélodies, élément primordial de l'identité du groupe. On sent la révolte chez Eskorbuto, une colère froide qui n'a pas besoin d'exploser outrageusement...Là également, tout est question de feeling, nos Espagnols jouent un punk qui se ressent autant qu'il s'écoute. S'ils n'ont pas besoin de hurler, c'est qu'ils ont choisi leur camp...Non, Eskorbuto ne rentrera pas dans le rang (la Faucheuse y veillera); c'est avec ironie qu'ils observent la société ('Mucha policia poca diversion', 'Eskorbuto a las elecciones', 'Mas alla del cementerio'), parfois avec une touche sombre résignée (les excellent 'Historia triste', 'Tamara') mais globalement, il s'agit de serrer les poings, de se battre et de s'en sortir seul. Un punk militant et intense qui vaut aujourd'hui encore au trio un statut culte. Mérité.