Oh No Ono › Eggs

Devinette : a quelle formation mythique fait-on référence quand on joue dans un groupe que l’on baptise Oh No Ono et que l’on ouvre son second disque sur un titre appelé "Eleanor Speaks" où, comme si cela ne suffisait pas, sur un tapis de sitar mis en boucle, le chanteur s’évertue à singer Sir George Harrison ? Pas la peine de répondre. Après tout, leur album précédant s’ouvrait bien, lui, sur "The Strawberry Festival" ! Ça ne s’invente pas ... Vous l’aurez compris, la pomme, nos danois de Oh No Ono l’ont croquée. Et à pleines dents ! C’est désormais un fait : la musique de demain, dans sa grosse majorité, est incapable de se mettre en perspective, et préfère passer son temps à regarder dans le rétroviseur, adaptant les sonorités d’autrefois aux techniques d’aujourd’hui. Sur "Yes", leur premier album dont je vous entretenais il y a encore quelques lignes de cela, on pouvait retrouver sur des plages comme "Keeping Warm in Cold Country" des fragrances de folie toute personnelle qui faisait vraiment plaisir à entendre. Point de débordement de la sorte ici. Leurs compatriotes de Mew ont déjà tenté le coup fin de l’année dernière avec "No More Stories". Doit-on remettre le couvert une nouvelle fois ? Figurez-vous que les deux formations partent ensemble en tournée en ce début d’année, à la conquête du public anglais et américain. Ce n’est pas un hasard. Alors, entendons nous : je ne fais pas mon bougon. Cette musique si fortement imprégnée de l’indolence sixties berce nos tympans dans d’agréables mélodies auxquelles il est diaboliquement impossible de résister. Mais je refuse, en vers et contre tout, de qualifier cette musique, comme il m'arrive trop souvent de le lire partout ailleurs, d’innovante. La seule chose de neuve dans le monde stérile de la critique rock, ce sont ces jeunes recrues dépourvues de culture musicale qui s’emballent au quart de tour pour des recettes éculées.