Cleaning Women › U

Qui irait s’enfermer huit mètres sous terre pour enregistrer son nouvel album dans un abri anti-atomique en n’utilisant pour seuls instruments que des ustensiles de cuisine, des séchoirs à linges, des boîtes de conserves et autres inventions farfelues faites de bric et de broc ? Des japonais ? Presque. Des finlandais ! La Finlande qui, rappelons-le, est à l’Europe en terme d’excentricité ce que le Japon est à l’Asie. Enfin, je ne veux froisser personne. Contrairement à l’énoncé, Cleaning Women est un trio 100% masculin au look corbeau comme s’apprêtant pour une nouvelle édition d'un carnaval gothique organisé quelque part des les recoins obscurs de la profonde Transylvanie et prenant la pose dans une attitude figée bien berlinoise inaugurée il y a plus de trente ans déjà par un certain David Jones. Si la démarche est hautement originale, elle reste toutefois trop timide que pour pleinement convaincre. "U", ne vous en déplaise, se situe bien loin de l'exercice purement expérimental qu'un tel énoncé aurait pu induire. Il s’avère être au final une simple collection de vraies chansons aux teintes pour le moins glacées et effacées. Le moyen est ici un prétexte pour faire de la musique autrement, pas nécessairement une autre musique. Fatalement moins drôles que les Hurra Torpedo qui, eux, se sont fait connaître sur la toile par leurs reprises loufoques de "All The Things She Said" de t.A.T.u. et le célebrissime "Total Eclipse of The Heart" de Bonnie Tyler en maltraitant des cuisinières et autres machines à laver, Cleaning Women semble vouloir apporter un contrepoint plus sérieux, plus intellectualisé, en somme, plus artiste à cette démarche post-moderne décadente. Mais une composition sans caractère, même affublée des oripeaux les plus flamboyants, demeure encore et toujours ... une composition sans caractère.