Bernd Kistenmacher › Romantic Times

Après le succès local de Music from Outer Space, Bernd Kistenmacher se produit pour la 1ière fois en concert le 30 Novembre 1985, dans le cadre du 1ier Berliner Elektroniknacht. Il établi d’importants contacts avec des personnalités émergentes de la scène électronique Berlinoise, notamment Nik Tyndall et Mario Schonwalder, avec lequel il organise un grand concert pour le printemps 86. C’est à cette même époque que Romantic Times est conçu et voit le jour, sous format cassette, au printemps 1986. Comme Music from Outer Space, Romantic Times fera parti du coffret My Little Universe et est, par contre, toujours disponible par le biais de MellowJet-Records.
Long titre fleuve de 48 minutes, segmenté en 7 parties, Romantic Times est tout le contraire du fougueux et imprévisible Music from Outer Space. Les amateurs de Schulze y trouveront une ressemblance, tant au niveau des vapes éthérées que de la sonorité, puisque Kistenmacher utilise les mêmes synthés et la même approche poétique et romanesque de Timewind. Un fort vent soulève les vagues de la mer de la tranquillité en ouverture d’Atmospheric Intro. On ne peut qu’entendre la promiscuité poétique de Timewind avec ce mouvement linéaire aux faibles oscillations qu’un clavier ordonne sous les vagues d’une mer cosmique. Une fine séquence en émerge, moulant un doux rythme hypnotique dont les premières mesures sont absorbées par les ressacs de vagues. Le synthé est divin. Il flotte avec une tendresse lyrique, échappant de superbes et suaves solos qui enjôlent une parfaite symbiose entre le rythme et la langueur. Harmonic nous amène aux confins d’un monde sombre, mais délicatement éthéré, avec de lourdes nappes aux réverbérations tempérées ceinturées d’un synthé aux solos hurleurs, un peu comme si la noirceur tentait d’étouffer l’approche poétique qui entoure Romantic Times. Un titre sombre aux superbes oscillations d’un clavier austère qui échappe de ténébreuses sonorités d’orgues, tout comme sur April, qui se fond à la délicate rythmique d’Harmonic Rhythm et sa cadence de cavalier solitaire qui chevauche les plaines cosmiques. Tempo minimalisme entouré d’un agencement sonore riche et cristallin, Harmonic Rhythm est une superbe mélodie qui hante l’oreille et où Kistenmacher n’a rien oublié pour faire de ce titre un classique d’harmonie oublié dans les méandres de la MÉ. De fins accords se greffent à cette splendide chevauchée cosmique, multipliant les suavités harmonieuses tout au long de cette petite merveille musicale. Après le bref et mélancolique The Shadows Get Shorter où un synthé solitaire chante sur une ode atonale, Summergate émerge avec une séquence déhanchante qui moule un doux tempo hypnotique, saisi par une nuée de solos d’un synthé rêvasseur qui échappe ses effets sonores analogues dans les vapes d’ un clavier sobre à la complainte hachuré, ajoutant ainsi plus de romantisme cosmique à un titre qui termine l’un des beaux albums mélodieux passé totalement inaperçu dans ce monde snobé qu’est l’univers de la MÉ.
Si vous avez passé à côté de Romantic Times il est temps de vous rattraper, surtout si vous êtes friand de la période Timewind de Klaus Schulze. Romantic Times n’a aucunes faiblesses, même les mouvements linéaires et atonaux qui traversent cette odyssée poétique sont d’une douceur onirique et se marient parfaitement à un étonnant ensemble rythmique harmonieux. Un superbe album à découvrir et redécouvrir, si vous l’avez oublié dans le temps.