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Front 242 › Moments 1

cd • 18 titres

  • 1Happiness 7:11
  • 2Body To Body 4:06
  • 3Religion 3:35
  • 4Welcome To Paradise 4:34
  • 5Commando Remix 7:13
  • 6Lovely Day 4:08
  • 7Until Death 3:23
  • 8Moldavia 3:32
  • 9Funkahdafi 3:27
  • 107Rain 3:41
  • 11Loud 4:03
  • 12Together 4:23
  • 13U-Men 2:56
  • 14Take One 4:04
  • 15Im Rhythmus Bleiben 3:54
  • 16HeadHunter 4:16
  • 17Kampfbereit 4:26
  • 18Punish Your Machine 5:58

informations

enregistrements live de 2006/2007 de titres composés de 1981 à 2006.

existe aussi en coffret limité avec un CD bonus

line up

Patrick Codenys, Richard 23, Daniel B., JL De Meyer, Tim Kroker

chronique

Il semblerait qu'à un moment donné, la culture populaire ait raté son coche. On est en 2010 et on se farcit encore du rock du haut de ses soixante-dix ans bien tassés, et les foules continuent à se pâmer. On soupire et l'on rêve du passé : on parle des sixties, des seventies en préférant éclipser l'avenir d'un revers cynique et résigné. En admirant avec nostalgie une époque dont le souvenir (souvent fantasmé, d'ailleurs) nous fait languir et en pleine ingratitude envers le monde pourtant incroyablement calme dans lequel on a grandi, on occulte ceux qui n'avaient pas peur, justement, de redessiner un présent et un avenir en phase avec leur époque. Can, Faust, Neu! n'avaient pas peur, au vu du passé que leur pays traînait. Dans les années 80, Front 242 n'avaient pas peur d'embrayer sur les points de vues alors très modernes et radicaux de Cabaret Voltaire et Throbbing Gristle. Et c'est là que le bât blesse : Front 242 aurait dû devenir bien plus populaire. Les synthés des années 80 ont été majoritairement utilisés pour simuler un instrument ou se glisser dans les âneries commerciales, vieillissant aussi mal que leurs acteurs. Et pendant ce temps, les belges traçaient une voie royale à l'univers cyberpunk qui aurait pu devenir autre chose qu'une simple culture alternative. Quand j'écoute 'Moments 1' (une collection de vieux titres rejoués live avec les machines originales) j'entends un feeling incroyable, paradoxalement beaucoup plus entraînant et chaleureux que ce que le groupe tentait de construire dans ses albums psychorigides. J'entends un vestige de rock mêlé à une carapace nouvelle, militarisée, technoïde : le cyborg que tout le monde attendait. Une génération solidement ancrée dans la société de contrôle (le bonjour à Deleuze) et de spectacle (la bise à Debord) ; au lieu de prendre froid rien qu'à l'idée de devoir affronter le nouveau millénaire qui nous attend. Mais non, au lieu de cela, Boyd Rice est toujours un nazi, Laibach des gros fachos, Nine Inch Nails a inventé le rock industriel et rien ne vaut un bon petit revival pour continuer à traîner la patte : après la disco et la new-wave, on a eu droit au rock seventies, au psyché sixties ; espérons aussi le retour du boogie-woogie. The Legendary Pink Dots personne ne les connaît et tout le monde s'en fout, et Front 242 se fait ranger dans les bacs "industriel" pour ne jamais déborder dans le monde réel. Pourtant, dès "Happiness" j'entends une chaleur et une énergie fédératrice, j'entends des hymnes somptueux sur "Body to Body" et de quoi canaliser son énergie adolescente sur "Until Death" ; j'entends des machines qui chavirent et font bouger, danser, vivre - car jamais plus que dans ce live, Front 242 se rapproche de son public, lui colle au corps et aux muscles. J'entends une génération avortée qui aurait pu devenir un véritable mouvement. Certes, il ne sont pas oubliés ; certes, ils jouissent d'une aura certaine et d'une reconnaissance relative ; mais tout le monde sait bien que le monde réel ne connait que les Beatles et Pink Floyd ; et que la musique électronique c'est Jean-Michel Jarre qui l'a inventée, le reste c'est rien que du boum-boum pour jackys fans de tuning. Et voilà, c'est moi qui fais mon vieux con à présent, j'espère que vous êtes content ? Qu'il en soit ainsi. Dans mon monde, les quadras danseraient sur Front 242, les jeunes flirteraient sur du Autechre, et les rebelles cracheraient sur "Moments 1" parce que ça serait de la musique à papa et qu'il serait temps de mettre fin au cancer du post-moderne. Alors oui, la culture populaire a raté son coche. Mais il n'est jamais trop tard et en s'appropriant Front 242 aujourd'hui, peut-être que nos enfants pourront enfin nous traiter de ringards parce qu'eux, au moins, auront inventé quelque chose d'autre plutôt que de soupirer en téléchargeant leur vie depuis leur écran d'ordinateur.

note       Publiée le samedi 30 janvier 2010

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    Note moyenne        9 votes

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    Karamazov Envoyez un message privé àKaramazov

    Merci pour l'info. Sinon, c'était surtout pour le titre et les paroles du titre (en contre-pied avec 25 ans d'avance). Très bien ce live, même pour un non-initié au groupe comme moi.

    Note donnée au disque :       
    mangetout Envoyez un message privé àmangetout

    Le morceau "Funkahdafi" figure sur le e.p. 4 titres "Politics of pressure" sorti en 1985 sur lequel il y avait aussi le terrible "Don't crash" un de mes morceaux préférés de Front 242.

    Karamazov Envoyez un message privé àKaramazov

    "Funkahdafi". Titre datant de 1987 apparement. Intéressant.

    Note donnée au disque :       
    E. Jumbo Envoyez un message privé àE. Jumbo

    Ma foi ce live surbute

    Note donnée au disque :       
    Charles Pasqua Envoyez un message privé àCharles Pasqua

    Le Front a eu son heure de gloire et sa musique fut opérante surtout grâce à un "Headhunter" qui raclait le fond des discothèques entre deux rognons house tout en impulsant une atmosphère chauffée à blanc dans l'assistance voir libérait des pogos en terre discoïde. Même ce con de De Caunes les inséra dans son Rapido pourtant affublés de leur image para-militaire neo-facho c'est dire. Ce live est grand, "Kampfbereit" surpasse la version d'origine avec ses clins d'œil évidents à Phil Glass et Kraftwerk quand Einstein se ballade sur la plage avec la radioactivité dans l'air et le reste est tout aussi fort, agressif, chaudement analogique, il n'y a pas à regretter qu'ils aient raté un quelconque coche, ils ont fait leur œuvre tant qu'ils ont pu et avec leur moyens (ils ont été jusqu'au bout d'une intégrité et d'une indépendance sans faille) ont touché parfois juste et restent comme un des derniers représentants de ce son et cet esprit très "North Europa"