1983, Knox, chanteur et guitariste des Vibrators tourne en rond. Alors que son groupe vient encore de splitter, de se reformer, de changer de line-up, il s'est essayé à quelques concerts solo, sans grand succès. Il a pourtant beaucoup de chansons en stock qu'il enrage de ne pouvoir finaliser. Son manager, Richard Bishop, a une idée. Il se trouve que sa boîte manage également une formation glam rock finlandaise qui vient de quitter son pays pour s'installer à Londres: Hanoi Rocks. Ces derniers traînent une réputation sulfureuse de fêtards et les voilà justement avec quelques semaines sans boulot...Bishop propose à Knox d'enregistrer un disque avec la rythmique des Finlandais (Sam Yaffa à la basse, feu Razzle à la batterie) et Nasty Suicide en seconde guitare. Aussitôt dit, aussitôt fait, Fallen Angels était né. En fait, les deux Hanoi Rocks restant finiront également par donner un coup de main, Michael Monroe jouant un peu de saxophone sous le nom de Cosmic Ted et Andy McCoy (rebaptisé Flashing Psychedelic Kid) jouant quelques parties de guitare. Ce premier album s'enregistrera de manière chaotique vu les litres d'alcool ingurgités par les musiciens mais finira par voir le jour. Comme bien des 'super groupes' Fallen Angels ne parviendra pas à cristalliser les promesses placées en lui et cet enregistrement éponyme ne deviendra pas le classique espéré. La faute en incombe premièrement à une production typiquement 80's, le genre de rock pêchu post Stooges pimenté d'une larme de glam de l'époque avec ce qu'il faut d'arrangements kitsch (on songe évidemment à Hanoi Rocks mais également aux Lords of the New Church); deuxièmement à une écriture manquant singulièrement d'originalité, les lignes étant relativement classiques. Le bon 'Amphetamine blue' dégage des relents de 'I fought the law' des Clash, pareil pour 'Kiss it goodbye' en version plus épurée, sans oublier 'Falling' rappelant 'Human fly' des Cramps, sans parler des textes pas spécialement originaux. La bonne nouvelle dans l'histoire est que ces défauts sont également les raisons qui nous font aimer ce disque. Les musiciens ne sont pas des manchots et s'il ne sue pas le génie, il fait partie de ces galettes qu'on écoute pour le feeling et la mélodie. De ce point de vue, il remplit parfaitement son contrat, mêlant pêche rock, accroche pop avec la touche de décadence réglementaire nous proposant une série de hits franchement jouissifs ('Amphetamine blue', 'New society', le blues synthétique de 'Straight city' ou encore 'Inner planet love'). Pour enfoncer le clou, il est enrichi de bonus plutôt efficaces tels que 'He's a rebel' (qui aurait pu être composé par les Lords of the New Church avec ses claviers et ses choeurs kitsch). Deux albums suivront, principalement menés par Knox, Nasty Suicide et Andy McCoy figurant en tant qu'invités, avant une fin inévitable face au manque d'intérêt. Reste ce premier essai pas franchement extraordinaire mais pas mauvais non plus, le truc efficace qu'on s'écoute pour se donner la pêche et s'éclater un bon coup. 3,5/6