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Alban Berg (1885-1935) › Quatuor à cordes Op.3

cd • 9 titres • 61:37 min

  • Quatuor à cordes Op.3 (1909-1910) | 19:57
  • 1I.Langsam9:23
  • 2II.Mässige viertel10:30
  • Suite lyrique pour quatuor à cordes (1926) | 27:31
  • 3I.Allegro giovale2:56
  • 4II.Andante amoroso5:59
  • 5III.Allegro misterioso - trio estatico3:18
  • 6IV.Adagio appassionato5:07
  • 7V.Presto delirando4:23
  • 8VI.Largo desolato5:41
  • Suite lyrique pour soprano et quatuor à cordes
  • 9VII.Largo desolato5:49
  • Anton von Webern (1883-1945) : quatuor à cordes Op.28 (1938) | 8:00

informations

Enregistré au studio 1, Czech Radio et studio Dominiva, Prague. Novembre 1999 et octobre 2000. Ingénieur : Jan Lzicar. Producteur : Karel Soukenik

Je ne connais pas d'autre version de cette pièce, mais celle-ci, acquise à l'époque sur les conseils dorés d'un magazine spécialisé (et néanmoins faillible), m'a toujours paru exceptionnelle, même si je ne peux pourtant la comparer à quoi que ce soit. L'acoustique est superbe, très pure mais pour n'en être que plus acérée lorsque nécessaire, et l'interprétation est d'une précision et d'une souplesse absolument virtuoses. Si je suis assez peu sensible aux 8 courtes minutes sérielles du quatuor de Webern, la suite lyrique de Berg qui complète le programme est une oeuvre certes plus aventureuse que l'Opus 3, mais belle et captivante... chronique un jour, sans doute.

line up

Prazak Quartet : Vaclav Remes, Vlastimil Holek (violons); Josef Kluson (alto); Michal kanka (violoncelle) - Vanda Tabery (soprano)

chronique

  • évangile selon saint-alban

Sublime. On peut tergiverser sur les embryons mathématiques qui modèlent cette partition : je ne suis ni spécialiste ni désireux de l'être, et il m'a toujours semblé que Berg, et cette partition précisément, n'avait jamais été en quête d'autre chose que de beauté : si "Lulu" demeure le seul opéra atonal à avoir atteint le statut de "grand classique", il ne le doit à rien d'autre. L'opus 3 du viennois est certes une pièce sérieuse, mentale, mais certainement bien plus sensuelle qu'intellectuelle. C'est une oeuvre d'une expressivité hors du commun et dont l'humanité est plus intense que dans bon nombre de quatuors romantiques. Même si elle se formalisa dans la rupture, l'école de Vienne n'a de fait jamais renié sa place dans la longue perspective de la tradition germanique, comme une nouvelle balise sur le tracé Haydn, Beethoven, Mendelssohn, Strauss. Et c'est notamment de ces fantômes superbes dont il est question, tout autant que de l'accroissement phénoménal des possibilités émotionnelles que l'atonalité explore. Les dissonances, les étrangetés ne viennent pas défigurer ni masquer ces harmonies établies, ces mélodies aux fragrances XIXème siècle : elles viennent en approfondir la portée. Aucun biais n'est choisi par hasard; la profondeur de l'inconfort est gérée avec une minutie prodigieuse, et Berg nous facilite ses mélodies par un jeu de récurrences et de lentes déformations qui nous les rendent vite familières et attachantes. L'oeuvre est rythmiquement peu agitée en regard du langage moderne, elle cherche justement à prendre par la main, à ne pas nous lâcher en route; Berg travaille donc l'élasticité bien plus que la rupture, atteignant parfois des sommets balanciers tout aussi empreint de romantisme sur le fond que de modernité dans la forme. Malgré ses surprises et ses angles, le quatuor à cordes d'Alban Berg est ainsi une longue litanie de chants douloureux, où la mélancolie a mis ses habits noirs, et se déplace comme un spectre sur les lignes souples des instruments. Intense humanité... car l'âme des mélodies est avant tout meurtrie, comme ces montées chromatiques à ellipses, où la douleur s'exprime avec affectation, pathos, grimpant vers les aigus dans un lyrisme exacerbé. On imagine la scène, comme celle d'un opéra; on voit la tragédienne qui porte un poing crispé sur son coeur, et supplie le destin. Les pénombres du violoncelle sont d'une subtilité magnifique : il hante le fond des moments les plus calmes, avec son timbre profond, son chromatisme plaintif. Il adoucit de ses questionnements naïfs les climax déchirés des violons. Et on est saisi, ahuri par la beauté des formes, la luminance lunaire des harmonies et la finesse des vibrations, dont le compositeur habite le moindre silence. Il joue avec les tensions et les lenteurs marquées en véritable metteur en scène, ajoutant à la beauté intrinsèque de ses scènes la parfaite pertinence de leur enchainement, la cohérence fondamentale de sa pièce. Et toutes ces dimensions théatrales, toutes ces tendances tragiques et ses histoires poignantes, ramenées à l'acoustique d'un simple quatuor à cordes, se concentrent en une expérience d'émotions particulièrement dense, et terriblement intime. Magique, et bouleversant.

note       Publiée le mercredi 6 janvier 2010

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darkmagus Envoyez un message privé àdarkmagus

Comme taliesin, je l‘ai par le Schoenberg Quartet.
Pour le joli, passez voir ailleurs, on est dans le sobre, l’essentiel, l’intense, le rude, le vrai, sans fioritures ! On imagine un paysage aux arbres sans feuilles, au sol aride.
Quel dommage que les œuvres pour quartet à cordes de Webern, l’un des deux autres Viennois avec Shoenberg, ne soient pas chroniquées ici, ni rien d’autre de Webern d’ailleurs. Notamment le magnifique « Slow Movement for String Quartet », où contrairement aux oeuvres de Berg, transparait beaucoup de l’émotion des œuvres Beethoveniennes ou Schubertiennes, tout en conservant un langage résolument novateur.

taliesin Envoyez un message privé àtaliesin

Je ne détiens pas ce disque, mais la plupart de ces compos figurent sur mon 'Complete Chamber Music' interpreté par le Schoenberg Quartet. Diantre, il faut s'accrocher, mais quelle expérience !

Moonloop Envoyez un message privé àMoonloop

Il y a un coffret 4 cds chez Brilliant classics contenant une bonne partie (l'intégralité peut-être) des quatuors à cordes de Schoenberg, Berg et Webern interprétés brillamment par le "Lasalle Quartet". Le prix est assez voire très abordable.

ellington Envoyez un message privé àellington

connais pas . Mais je vais rechercher parceque Alban Berg , même en oeuvre de jeunesse , et avec les 6 boules de Sheer-khan , je sens que ça va le faire . D'accord sur le fait de passer sur le caractère serialiste et dodécaphonicatoire du truc , c'est de la cuisine interne du compositeur qui n'atteindra pas plus la beauté ( ou moins ) selon les outils qu'il utilise .