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Ludwig Van Beethoven (1770-1827) › Les derniers quatuors à cordes (1822-1827)

  • 1996 • Philips 454 711-2 / 454 712 - 2 • 4 CD

cd1 • 8 titres • 63:24 min

  • Quatuor à cordes Op.127 en mi bémol majeur
  • 11.Maestoso - allegro6:58
  • 22.Adagio, ma non troppo e molto cantabile15:26
  • 33.Scherzando vivace8:36
  • 44.Finale7:04
  • Quatuor à cordes Op.135 en fa majeur
  • 51.Allegretto6:21
  • 62.Vivace4:01
  • 73.Lento assai, cantante e tranquillo7:12
  • 84.Der schwer gefasste entschluss. grave - allegro - grave ma non troppo tratto - allegro7:46

cd2 • 7 titres • 61:46 min

  • Quatuor à cordes Op.130 en si bémol majeur
  • 11.Adagio ma non troppo - allegro13:59
  • 22.Presto2:08
  • 33.Andante con moto ma non troppo. poco scherzando7:10
  • 44.Alla danza tedesca. allegro assai3:10
  • 55.Cavatina. adagio molto espressivo7:09
  • 66.Finale. allegro9:17
  • Grande fugue Op.133 en si bémol majeur
  • 7Overtura. allegro - meno mosso e moderato - allegro - fuga18:53

cd3 • 7 titres • 42:21 min

  • Quatuor à cordes Op.131 en ut dièse mineur
  • 11.Adagio ma non troppo e molto espressivo8:53
  • 22.Allegro molto vivace3:06
  • 33.Allegro moderato0:57
  • 44.Andante ma non troppo e molto cantabile - più mosso - andante moderato e lusinghiero - adagio - allegretto - adagio, ma non troppo e semplice - allegretto14:36
  • 55.Presto5:35
  • 66.Adagio quasi un poco andante2:26
  • 77.Allegro6:48

cd4 • 5 titres • 47:09 min

  • Quatuor à cordes Op.132 en la mineur
  • 11.Assai sostenuto - allegro10:00
  • 22.Allegro ma non tanto8:21
  • 33.Canzona di rigraziamento. molto adagio - sentendo nuova forza. andante19:33
  • 44.Alla marcia, assai vivace - più allegro - presto2:20
  • 55.Allegro appassionato6:55

informations

Enregistré en Suisse. 8/1967 (op.132); 7/1969 (op.131); 6/1968 (op.127 et 135); 4/1969 (op. 130 et 133)

Cette version du Quartetto italiano est celle que je possède et donc la seule que connaisse en profondeur. Les interprètes y assument le classicisme de l'auteur sans déforcer le pouvoir expressif des pages les plus délicates. Dans un genre différent, plus plastique, plus sévère mais aussi plus investi sans doute, signalons la gravure du Quatuor Alban Berg chez Emi Classics, sans doute plus brillante et radicale, ainsi que celle, plus proche du Quartetto mais avec un entrain rythmique plus acéré, du Quatuor Talich chez Deutsche Grammophon. Il s'agit d'une édition en deux doubles CD, vol.I et II.

line up

Quartetto Italiano : Paolo Borciani (violon I); Elisa Pegreffi (violon II); Piero Farulli (alto); franco Rossi (violoncelle)

chronique

  • musique de chambre : bible.

La musique, sans doute, est une affaire de cœur. Mais ce n'est pas le cas de l'histoire, et encore moins de la vérité. Si la veine mélodique légèrement rigoriste de Beethoven entrave un peu l'amour que je porte à son œuvre en général, qui serais-je, moi qui ne suis déjà pas grand chose, pour ne pas admettre qu'il reste le plus immense visionnaire de toute l'histoire de la musique ? Au dessus de l'architecture d'élégance du classicisme qu'il fit voler en éclat, bien ailleurs que les préoccupations romanesques ou picturales du romantisme qu'il inventa, Ludwig van Beethoven était un musicien pur. Il fût le premier à se focaliser sur le son, et le sens expressif de chaque note. Désespérément épris de perfection et de beauté, il chercha toute sa vie en ce sens la voie la plus juste, et la plus absolue, pour exprimer ses doutes, et au delà, ses plus intenses souffrances. Symphonies, sonates, quatuors : il culmina dans d'ultimes œuvres, à la portée universelle. Son dernier cycle de quatuors à cordes est une sommité dont la musique ne se remet pas encore. Ces pages sont à la fois originelles, et terminales, d'une beauté proprement tétanisante. Avec une virtuosité technique foncièrement retenue, entièrement vouées à l'éclatement de la forme pour s'enquérir du fond, elles concentrent tous les tenants et aboutissants de l'écriture classique en quelques mouvements brefs aux cadences relevées, laissant ainsi libre cours au monstre Beethoven pour ouvrir en grand les enjeux expressifs de la musique : de l'essentiel à l'infini. Le maître de Bonn remet d'abord quelques pendules à l'heure : même long de trois quart d'heure, un quatuor à cordes reste un lieu de l'intime, un simple carré d'âmes, un comité restreint; c'est dans cette conviction, par cette acception qu'il va exploiter, approfondir et révéler les véritables potentiels de la formation, tant acoustiques que musicaux, plastiques, et émotionnels. Pizzicati atmosphériques, violoncelle abrupt dont les syncopes rythmiques supportent l'édifice comme des colonnes de marbre, une approche harmonique entièrement vouée à l'acoustique des instruments : Beethoven débarrasse l'espace du quatuor de ses opacités symphoniques pour en redéfinir toute la dimension, à la fois brute, et totalement autonome. Jamais plus un quatuor à cordes n'explorera avec la même intensité le glissement des sons les uns sur les autres, le frottement acoustique, l'harmonie sonore, par le développement, ralenti à l'extrême, de mélodies lacrymales et d'une beauté écrasante. Ce n'est pas simplement son siècle que l'allemand révolutionne, avec ses longues plages dépouillées, son exploration obsessionnelle de la note solitaire, l'étirement déraisonné, l'observation au ralenti, véritable contemplation des phénomènes acoustiques qui naissent d'une simple harmonie, impitoyable mise à mort de la notion d'ornement : c'est la musique toute entière, ses causes et conséquences, sa nature profonde... son sens premier. Adagios et andantes, totalement libérés de toute complexité apparente, au service d'une seule note qui s'exprime sur des secondes entières, travaillée par l'archet, définie par le temps qui s'étire, menée au bout d'elle-même et au delà, aux confins de la solitude, là où le son n'est plus un phénomène, et devient une parole. Prestos et allegros, où les mesures chargées de mélodies rapides et d'élégances complexes s'achèvent dans un instant : l'héritage raffiné de siècles de travail réduit en une seconde à sa toute fatuité, lorsqu'une note douloureuse, une seule note et rien d'autre, surgit du violoncelle, austère et affligée, plus lourde d'émotions dès qu'elle se fait entendre que toutes ces folles mesures que l'on a oubliées, alors que cette plainte grave, cette agonie d'une corde, s'incruste dans notre âme pour ne plus en sortir. Modernité intacte, près de deux siècles plus tard; des fantômes dissonants, l'inconfort, l'inquiétude, les cris, la douleur exprimée dans toute sa nudité et toute sa profondeur. Dans le déploiement épuré de notes aux timbres frères, Beethoven fond en une seule les plaintes accumulées des 4 instruments ; une mélodie multiple, un espace respirant où les lueurs se mêlent, les divergences s'accouplent, la beauté irradiante du violon qui supplie s'étoffe et se noircit au contact rugueux de l'alto qui s'aggrave, du violoncelle sévère. Opus 131, 130, 127... les pages lentes de ce cycle relèvent de l'impossible, tant l'émotion est dense, la tristesse abyssale mais tournée vers le ciel, la beauté insoutenable, l'écriture si essentielle, le silence si profond. Il y a ici de longues minutes dont la pureté n'a jamais été égalée, il y a ici un dépouillement que les plus plasticiens n'ont jamais pu atteindre, des moments douloureux à la beauté si accomplie que la vie ne pourra plus rien vous offrir d'autre, faisant ainsi de Beethoven le seul créateur à avoir su rivaliser avec l'Amour. Écoutez le mouvement central de l'Opus 132, et vous pourrez mourir. Vingt minutes... ce sont vingt secondes, et vingt siècles. Un ballet, lent et posé comme le jour qui se lève, où chaque note durent plusieurs longues secondes, chaque instrument égrenant sa mélodie dans le silence des autres, une seule note à la fois, d'abord l'alto qui monte, le violon qui descend, puis c'est au violoncelle de moduler sa note. Et durant vingt minutes, vingt secondes ou vingt siècles, Beethoven le divin déplace les harmonies d'un instrument à l'autre, d'une rencontre à une autre, de l'acoustique profonde des alto violoncelle, à la lumière conjointe des deux ultimes violons. Tous liés par la parole, chacun en son parcours, il ne s'agit plus seulement d'harmonies dans les tons, mais jusque dans les lueurs, l'alternance des pénombres, la mélodie qui se déplace dans sa cadence diaphane, d'instrument en instrument, et dont la sublime beauté fait mal. Le musicien des ultimes sonates pour piano, meurtri au plus profond par sa nature humaine, est ici tout entier, toujours à la recherche d'une nouvelle vérité, d'une musique transcendante, en quête d'une liberté qui se mesure à Dieu, qui se trouve et s'exprime dans la douleur toute nue. Et cette musique, oui, fait mal... terriblement, viscéralement, horriblement mal. Car de quoi pourrait souffrir un être aussi savant, un esprit aussi achevé, un créateur aussi souverain que ne l'était Beethoven... sinon d'humanité ?

note       Publiée le dimanche 3 janvier 2010

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    Amarok Envoyez un message privé àAmarok

    Pour moi, ces derniers quatuors représentent le sommet de la pyramide beethovienne... Une véritable claque...

    chris0853 Envoyez un message privé àchris0853

    Ces derniers quatuors sont certainement les plus difficiles donc à ne pas recommander pour une découverte des quatuors pour cordes de Beethoven. Artemis Quartet a produit récemment une intégrale chez Virgin qui fait déjà date (énergie et audace)

    Arno Envoyez un message privé àArno

    Ah non, je ne parle pas de "comprendre", mais simplement, je ne prends aucun plaisir à écouter ça parce que c'est trop compliqué pour moi... Enfin, de manière générale, Beethoven me passe au-dessus de la tête... Je trouve sa musique trop intellectuelle, et de fait, terriblement moderne...

    ellington Envoyez un message privé àellington

    personne ne peut se vanter de saisir CA ( mais faut-il comprendre pour aimer ? en musique , et en musique seulement , je crois que non )

    Note donnée au disque :       
    Arno Envoyez un message privé àArno

    C'est insaisissable pour moi... Plus difficile d'écoute que les quatuors de Bartok...