Alasnoaxis › Habyor

"Habyor" semble confirmer que l'espace créé sur "Splay" sera désormais celui dans lequel AlasNoAxis évoluera. Si tous les membres viennent du jazz, si leur musique en porte encore les traces, l'habillage de ces dix nouvelles plages montrent clairement que le canevas simplifié du rock reste l'élément clef qui charpente tout l'édifice. "Talk About" qui ouvre ce nouveau disque n'a pas d'autre prétention. Remplacez ce saxophone par du chant, et vous en aurez la preuve irréfutable ! Évidemment, cantonner le jeu du flamboyant Chris Speed à ce rôle et lui ôter ainsi toute possibilité d'improvisation ou presque, chose dans laquelle par ailleurs il excelle, peut sembler contre nature ou, pour le moins, contre productif. C'est oublier que tel n'est pas le propos d'AlasNoAxis. En soi, on pourrait peut-être même considérer cela comme une récréation pour des musiciens autrement confrontés à des partitions d'une rare complexité. Récréation, d'accord, mais cela ne veut pas dire que tout cela est fait avec insouciance et légerté ! C'est aussi en cela que ce groupe fait preuve d'une importance cruciale : il ne cherche pas à nier ou à éviter l'évidence. De belles choses peuvent mûrir de choses simples ("Rade"), et c'est ce à quoi "Habyor" s'emploie. Toujours composés par Jim Black, les titres de ce nouvel album sont bien souvent guidés par la guitare de Hilmar Jensson, véritable fil rouge, et on comprend pourquoi quand on sait que Black écrit ses chansons à la guitare avant de les soumettre au groupe tout entier. La tension est souvent maintenue par l'amplification, les notes suspendues instaurent lentement un climat inquiet, mais la musique d'AlasNoAxis, pour toute balisée qu'elle soit dans les faits, demeure avant tout terre de contrastes. Et c'est au gré d'écoutes répétées que se révèleront les nuances dans les arrangements et ces inflexions mélodiques qui, de prime abord, ne payent pas de mine pour ensuite venir greffer leur empreinte indélébile sur le fond de notre mémoire.