Sinweldi › L'homme au coeur de fer

Débarrassé de 'Big cocky man', Sinweldi revient quelques mois à peine après son prometteur premier essai chargé d'un nouvel album. Pas d'inquiétude, le court laps de temps ne signifie pas de perte de qualité pour une musique à prédominance dark folk. Les sonorités sont froides, mêlant touches synthétiques et guitare sèche avec quelques percussions martiales et un emploi du sampling plutôt correct (même si peu original); c'est au niveau des textes que le ton s'est radicalisé. Le chant (proche de la récitation) est grave à l'image de l'ambiance du disque (l'abandon de l'anglais était une bonne idée). 'Consacrer sa vie à l'effort et la lutte, haïr son ennemi, combattre pour son pays, la grandeur d'une nation passe par la terreur...', les premiers mots claquent comme un fouet. Sinweldi voit l'Europe comme un pays malade et appelle à la résistance (à chacun ensuite de juger quant à la signification du combat), à l'image de cet 'homme au coeur de fer' que l'artiste décrit comme 'l'image de l'homme fort, de l'Européen prêt pour le combat, qui devra être froid et calculateur'. Emotionnellement, le disque garde cette fraîcheur économe en notes mais efficace en ambiance que l'on trouvait sur 'Is Europe dying ?'. La mélancolie plane mais elle ne domine pas, les poings sont serrés, la colère crispe les mâchoires. Suivent trois bonus, une relecture plus atmosphérique de 'Mémoires d'un poilu' (tiré d'une compilation hommage au soldats de la Première Guerre Mondiale), ainsi que deux remixes de chansons extraites de 'Is Europe dying' plutôt réussis, principalement 'The true color of the wind' avec son aspect ambient martial synthétique. Rien à dire sur la musique, Sinweldi sans apporter forcément d'originalité dans le style dark folk maîtrise son sujet et sait développer de véritables ambiances, profondes et hypnotiques. Seule ombre au tableau, cet eurocentrisme dépassé et malsain qui personnellement m'empêche de me plonger totalement dans cette belle musique mais chacun jugera...