Uriel › Culture Shift

On parle de nouveaux artistes, de nouvelles découvertes, en voici toute une! Des fois, il arrive que nos oreilles croisent un album tout à fait inattendu. Un album surprenant qui envoûte et subjugue par une faune sonore riche et une approche tribale des plus réaliste. Synthésiste Israélien, Uriel nous propose un voyage sonore qui défile tel une trame musicale d’un film du pays des 1001 nuits.
Une flûte arabique s’élève derrière un voile tamisé par les poussières de sable. Une belle flûte qui sera l’un des principaux éléments de cette aventure sonore aux rythmes parfois endiablés, parfois teintés d’un romanesque arabien. Hésitante, elle flirte avec une guitare acoustique et des percussions tribales de style Moyen Orient, avant de s’effacer pour laisser toute la place aux percussions qui martèlent un rythme lourd et sec, très près du techno, sous des coups d’archets qu’un mellotron nourrit de ses orchestrations violonées et de ses flûtes tribales enchanteresses. Ancient Roots est le début d’un voyage épique où Uriel nous propose des rythmes diversifiés sur un canevas sonore qui reflète les harmonies des peuples des dunes. Le mellotron, autant en souffle violoné qu’en flûte, est d’une tendresse romanesque digne des plus beaux paysages et de la poésie de Lawrence d’Arabie. Tissé sur un collage sonore de 61 minutes, Culture Shift est divisé en 11 parties qui se rejoignent tous, autant dans les harmonies que dans les rythmes secs et les moments atmosphériques.
Si Ancient Roots bouille sur des rythmes hybrides technoides, tout comme Kalanshu Sands, Cultural Dynasty Part I verse dans une tendresse mellotrnonnée, alors que Mountain Secrets nous entraîne dans une épopée dramatique avec de lourdes orchestrations qui nourriraient certaines trames sonores de Hans Zimmer. Magique avec ses beuglements de chameaux, Camel Convoy est une transe tribale aux vocalises de déesses des sables sur des percussions tribales névrotiques et un superbe mellotron qui épouse une subtile chorale de nymphes des dunes. Un titre splendide, nerveux et fortement hallucinogène avec son superbe sitar qui peine à suivre les percussions endiablées. Plus doux et poétiques, Oasis, Crystal Fields et Morning Sunflowers regorgent de mélodies accrochante qui s’épanchent soit sur un beau mellotron et des accords de pianos et de guitares nostalgiques qui frayent parmi des percussions tribales aux cadences variées. Cultural Dynasty Part II reprend les fresques mélodieuses et dramatiques de sa partie I, Mountain Secrets et Tribal Ceremony, alors que Distant Skies conclut avec une approche hyper mélodieuse dont les souffles d’une guitare électrique nous éloigne de la magie arabique qui moulait Cultural Shift de ses 10 premiers titres.
Des rythmes bouillants sur un canevas d’un Moyen-Orient romanesque, tapissé d’un appétit gargantuesque pour une rythmique lourde sur des séquences broyées par des orientations musicales diversifiées; Culture Shift d’Uriel est une superbe trouvaille qui va plaire aux amateurs de musique du monde, techno et même électronique, car la recherche sonore y est éclatante. Une des grandes surprises de 2008 qui m’est passé sous les oreilles. Dommage, mais il n’est jamais trop tard.