Litfiba › Desaparecido

1983, la compilation 'Body section' présente le nouveau son italien; aux côtés de Diaframma, Kirlian Camera, Frigidaire Tango et Rinf, un combo originaire de Florence qui vient de sortir son premier mini 'Guerra'...En 1990, le dit groupe qui vient de sortir 'El Diablo' est devenu LA référence du rock italien et remplit des salles énormes dans son pays (même si le zénith de sa carrière arrivera sept ans plus tard avec 'Mondi sommersi'). Nous n'en sommes pas là encore alors qu'est enregistré 'Desaparecido'; Litfiba se présente encore comme une formation au rock fortement mâtiné de new wave, notamment de par le travail des claviers et les constructions des morceaux qui sans sonner cold wave dégagent néanmoins une mélancolie vaguement similaire derrière le feu de son électricité. Comme il se doit dans le genre, la batterie sonne de manière sèche et la basse se place très en avant au mixage; le clavier joue un rôle prépondérant et ses sonorités cristallines ne sont pas sans rappeler Taxi Girl, voir les Stranglers, avec néanmoins une orientation plus rock que pop. C'est d'ailleurs la beauté de cet album car sous les tentatives de froide carapace, on sent malgré tout battre le coeur latin de Litfiba, la chaleur d'une passion qui a déjà trouvé ses thèmes ('Tziganata', 'Istambul', 'Desaparecido' et ses influences gitanes). Il faut dire que le combo s'est trouvé le chanteur parfait, le charismatique Piero Pelù dont la beauté ténébreuse, la voix grave mais chaleureuse, les convictions sociales (ex-punk, ce dernier a toujours clamé sa haine de la maffia, son refus de toute forme de totalitarisme et son soutien aux minorités opprimées) en font le frontman dont le groupe avait besoin pour se placer au dessus des autres. Les mélodies et les ambiances sont remarquables même si l'aspect synthétique pourra surprendre ceux qui connaissent le Litfiba de la fin des années 80; il n'empêche, il est difficile de résister aux orgues funèbres et aux roulements de l'intro de 'Guerra', la tristesse de 'Eroi nel vento', la passion écorchée de 'Desaparecido' ou encore l'ambiance de 'Istanbul'. Cet album amorce la 'Trilogia del potere' qui constitue selon moi, avec le live 'Aprite i vostri occhi', la meilleure période du groupe. Un schéma qui rappelle bien d'autres destins, pas vrai ?