Synth.NL › OceanoGraphy

Lorsque les harmonies rencontrent des complexités rythmiques, ou lorsque les influences de Jarre croisent les arrangements romanesques d’un Vangelis rêveur, ça donne OceanoGraphy. Un très bel album qui dépeint assez bien la vision du synthésiste Hollandais. Pour son 3ième opus Michel Van Osenbruggen est inspiré par les océans et la fragilité de survie de ses habitants. Une œuvre qui se veut un hymne intra terrestre avec une étrange fusion spatiale, appuyée d’une certaine lourdeur rythmique qui n’a rien à voir avec la grâce des océans.
Antartico ouvre avec une touche très légère. Un beau titre à thématique mélodieuse très près de la musique de Vangelis où un superbe mellotron feutré et flûté pousse la mélodie aux limites d’un territoire New Age, avec un clavier et un synthé des plus accrocheurs. Un titre à faire fondre les plus durs. Balaenoptera (Rorqual de l’Atlantique) est tout en contraste et épouse à merveille les lourds mouvements de cette gracieuse baleine. Une ligne de basse hoquetante ourle sur un synthé qui ondoie dans un arrière-fond sonore océanique. Un fin clavier pianote de doux accords avant que la basse devienne accessoire de lourdeur sur un superbe synthé qui traîne une imposante masse sonore dans un monde chimérique amphibien. Un titre lourd, tout comme l’ultra pesant Megaptera, qui trouve grâce sur un splendide synthé ourlant et lovant de complaintes accroche-cœurs. Lourd et atonal, l’intro d’Atlantico roule avec une pesanteur extrême sur une mer agitée de vagues entrecroisées. Une rythmique spiralée, nappée de chœurs mellotronnés et de percussions claquantes ainsi que d’un synthé aux arpèges ascendants, se dessine sur une structure qui rappelle les bons moments de Jarre dans un carrousel halieutique truffé de lourds solos torsadés. Avec son approche cosmique aux milles striures et effets filants analogues, Carcharodon sillonne plus l’espace que les mers foissonneuses avec une bonne approche mélodramatique sur une structure de basse lourde.
Oceanography divise l’opus en deux, apportant une approche moins lourde et plus harmonieuse pour les titres qui suivent. Une belle complainte synthétisée jouit d’un beau synthé aux soupirs d’une diversité faunique sous-marine sur un rythme lent tiraillé d’arpèges qui scintillent sur un mellotron aux mouvements des marées. Il y a une belle créativité artistique sur Tursiops où l’on entend les dauphins chanter et sauter sur un rythme cassé par un beau synthé aux ondes aquatiques. Après une belle berceuse des mers qu’est Indico, Chelonia se déplace avec la grâce des tortues sous marines sur une cadence légèrement hachurée et ceinturée d’un synthé aux solos à saveur de saxophones tropicaux. Avec son tempo entaillé qui hoquète sur un synthé aux fines lames mélodieuses et aux lourds solos, Artico se démarque des structures tranquilles jumelées aux titres des océans sur OceanoGraphy. Le titre le plus animé de cette 2ième partie. Plus doux, Orcinus épouse une structure rêveuse avec un beau piano et une séquence basse qui bégaie sous un synthé très près du terroir de Vangelis, tout comme le mélodieux Pacifico qui clôture avec la même approche harmonieuse qu’Antartico avait fait en ouverture.
Lorsqu’un artiste réussi à sculpter sa musique de sorte que l’on peut en visualiser son histoire et/ou son message, on peut aisément affirmer que son but est atteint. OceanoGraphy de Michel Van Osenbruggen (Synth NL) vise en plein dans le mille en offrant une belle et tendre musique poétique avec d’étonnantes structures rythmiques parfois lourdes, légèrement complexes, mais toujours mélodieuse. Un bel album qui se déguste les yeux truffés d’images sonores qui plaira à coup sûr aux amateurs de Vangelis et Jarre, toutes périodes confondues.