“Spacemen 3 est né de l’ennui”. Voilà ce qu’on peut lire à l’intérieur de ce single, dont le propos était donc de présenter au monde ce groupe incroyable, sorti de nulle part au début des 80’s, et principalement composé de Sonic Boom et de Jason Pierce, deux frères de son né le même jour dans la même ville… Seuls contre tous, à-t-on envie d’écrire. Car tout comme d’autres scènes également formées dans l’underground de cette décennie-là (on pense au Doom, ou encore au Paisley Underground), les Spacemen 3 se révèlent farouchement attachés à une idée bruyante et sans compromission du rock, sans pitié pour toute idée de mélodie ou de synthétiseurs… Leur credo est lancé en refrain du 1er titre d’une voix claire et impénitente, contre ce vent de décibels qui semble souffler une rue déserte : « Here comes the sound of confusion ». La guerre est déclarée. Avec les Jesus & Mary Chain, les Spacemen 3 vont prouver qu’il est possible de proposer une alternative radicale au tout-venant des 80’s, tout en se réclamant d’une autre radicalité, bien disparue celle-là, celle des 60’s. “The Structured Sound of Confusion” lit-on également : on ne peut pas vraiment les contredire, sauf pour le “structured”, qui se résume ici au battement sourd et aveugle d’un tambour et d’une cymbale, largement recouvert par des déferlantes de noise primitives. Le Rollercoaster des 13th Floor Elevators prend ici une autre ampleur, étiré et gorgé de saturation gourmande, devenant de plus en plus inquiétant à mesure que le morceau glisse vers l’inconnu. Et quand Feel So Good arrive, accouché dans la douleur par ce Rollercoaster sous Special K, c’est une révélation… Apothéose zen du chamane où orgasme lysergique du junkie ? Quelle importance ! C’est le son de la confusion, confusion des sens, confusion des genres, des bruits (comment ça ceci n’est pas un disque de revival 60’s propret ? on m’aurait menti ?) et avant tout, confusion des nerfs. Mettez votre tête sur off, relaxez vous, et flottez le long du courant…