Je ne vais pas trop faire le malin, avant cette réédition, je n'avais jamais entendu parler de DZ Lectric. Visiblement, l'homme a laissé dans son sillage un beau paquet de cassettes sous son nom, au sein de Magnétique Bleu, des Maudits, ou en duo avec Anton 'Usher' Shield (Norma Loy) au cours des eighties. 'Be eclectic' fut son premier essai en vinyl sorti à l'origine en 1987 et remis au goût du jour par Infrastition. Très bien, je n'ai toujours pas plus d'infos sur le gaillard mais j'avais aimé cette pochette avec ce petit air à la Fad Gadget. Comme ce dernier, le français aime à se servir des machines de manière peu orthodoxe et expérimenter. Le disque démarre fort bien d'ailleurs avec 'Geister', magnifique morceau de cold wave synthétique au chant grave: mélodie efficace, bonne basse, claviers efficaces...un véritable hit. Les chansons suivantes nous font mieux saisir le pourquoi du titre; pas question de jouer deux fois au même jeu. 'All the sad young men' reste dans les nuances froides et grises mais en nettement moins synthétique, 'Dreamscream' part carrément dans des influences garage version OVNI avec boîte à rythmes, orgues à piles, pour des ambiances de folie, avec une voix plutôt dans la veine Jad Wio cette fois. 'Mélancolie' s'engouffre dans quelque chose qui évoque vaguement Tuxedomoon pour ce mélange de saxophone décadent et d'ambiances cold wave. Après 'Geister', 'Hours and years' est ma pièce favorite...J'en aime la lenteur et la mélancolie poignante et c'est à Trisomie 21 que je songe (mmm, cet orgue). Une voix robotique annonce tout soudain 'And now another amazing DZ Lectric song called 'Razorbalde' avant qu'un beat lent et funèbre se lève soutenu par un piano lourd...C'est l'essence la plus noire de la cold wave qui emplit ces lignes pour un morceau qui à tout d'une chambre d'asile. A partir de là, le disque prend une tournure plus expérimentale, le genre bricolé maison, à l'instar des débuts de Cabaret Voltaire. 'Danse rituelle noire' se rapproche même d'une démarche rituelle indus de par les rythmes hypnotiques et minimaux et les vocaux criés en arrière-plan. 'Affrontements' de par ses sons étouffés conclut par des ambiances quasi dark ambient. Conclusion ? Pas vraiment car cette réédition est enrichie de quatre bonus...totalement inutiles. Je suis le premier à reconnaître l'audace de ces collages et autres arrangements maison mais d'une certaine manière, ils vieillissent mal et lassent rapidement. Pas assez bruitistes, peu intenses, pas mélodiques, ils se résument vite à une succession de 'bip bip' gonflants et de nappes trafiquées. Exception faite de ces faiblesses, voilà un disque qui valait la peine d'être découvert; la comparaison avec Fad Gadget n'était pas totalement dénuée de pertinence...