Presque rien. Des clics, des pops. Un calme terrassant, où chaque apparition sonore est vécue comme un évènement. La poétique du vide, puis naît le groove. Le sens du rythme, celui qui parle au muscle. Des cliquetis en batterie, des flirts corporels. Et au corps de répondre, de se mouvoir. L'hypnose, oui, c'est la clef. L'hypnose dans le presque rien, le groove désincarné, à deux doigts de l'évaporation, et pourtant là, puissant, immarcescible, terrible. Dans ce silence finlandais résonnent les mêmes cliquetis que les gouttelettes frappant le sol dans les saunas. Sauf que les bobines remplacent les pierres et que le cuivre remplace le bois. 'Aaltopiiri' est un sauna électrique, une zone de repos cérébral, où la chaleur est remplacée par d'infinies réverbérations et de flamboyants drones. C'est un vide soigneusement organisé, au silence aussi structuré que chez Ryoji Ikeda ; une inversion totale de leurs prestations live bien souvent à la limite du bruitisme absolu. Un ravissement pour le corps et l'esprit, presque méditatif après une série de disques bien plus technoïdes mais aux compositions non moins imparables. La syntaxe fait ici toute la différence, simplifiée à l'extrême pour ne laisser qu'une charpente glaciale dans laquelle on ne peut plus ajouter ou soustraire le moindre élément, jusqu'au réchauffement final renouant avec leur musculature classique. Il reste après cette dissection un Pan Sonic toujours intact, aux compositions addictives, à l'agencement des pistes très intuitif et au son toujours plus difficilement égalable.