On peut s’étonner qu’à l’aune des années 2010, certains activistes de l’ombre américains aux discographies déraisonnablement pléthoriques n’aient pas encore réussi à se frayer un chemin jusqu’à ce site, ne serait-ce que par une petite chronique isolée. Sir Richard Bishop et son ancien groupe, Sun City Girls, est de ceux-là. Ceux qui connaissent ses nombreux projets savent que l’homme n’est pas du genre à gamberger : quand il a une idée, il en sort un disque assez rapidement, sans fioritures ni concept inutile. Le dernier en date, c’est ce Freak of Araby, classieuse collection de reprises d’air traditionnels ou classiques de la musique du Magreb, de l’Egypte, voire de Corse (Solenzara)… Le tout entrecoupé des compos de Sir Richard Bishop lui-même, qui se fondent parfaitement dans le disque. Bishop, grand admirateur du maître de la guitare égyptien Omar Khorshid, a semble-t-il voulu rendre un hommage presque entièrement guitaristique au « king of the arab guitar » (évident sur le premier titre) et à ses origines Libanaises. D’où le titre, The Freak of Araby plutôt que The Sheik of Araby, un jeu de mot qu’aurait pu inventer cet autre Freak de Frank Zappa. Alors certes, il y a bien une formation rock à ses côtés, mais elle se fait extrêmement discrète, on pourrait presque parler d’un album de guitare solo. Le fait que la formation en question soit entièrement composée de musiciens arabes fait un peu penser aux groupes de rock touareg que sont Toumast et Tinariwen, dont la musique n’est pas si éloignée… Il semble que de plus en plus de musiciens se mettent à électrifier la musique arabe, comme ici Bishop avec des grands noms de la musique arabe comme Mohammed Abdel Wahab et Elias Rahbani. Le résultat est enchanteur, et ce sur chacun des 10 titres. On n’en attendait pas moins d’un troubadour comme lui, perpétuellement en vadrouille entre l’inde et l’atlas… Ne reste plus maintenant qu’à fouiner dans sa carrière passée, surtout avec les Sun City Girls. D’autres trésors dorment dans les coffres.