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Gang Of Four › Return the gift
- 2005 • V2 63881-27270-2 • 1 CD
cd • 14 titres
- 1To Hell With Poverty3:56
- 2Damaged Goods3:25
- 3Natural's Not In It3:08
- 4Not Great Men3:10
- 5Why Theory ?2:24
- 6Anthrax4:08
- 7Paralysed3:24
- 8What We All Want4:53
- 9Ether3:37
- 10He'd Send In The Army4:12
- 11Capital3:40
- 12I Love A Man In Uniform3:40
- 13At Home He's A Tourist3:38
- 14We Live As We Dream, Alone3:16
informations
Produit par Andy Gill
chronique
Return the gift est un "album" étrange que j’ai longtemps fui, un peu inquiété par son concept incertain. Un Gang of Four reformé, en forme olympique, qui ré-enregistre les plus grands titres de son catalogue (aucun album n’est délaissé) en 2005, sous une pochette faisant référence aux vignettes de la pochette d’Entertainment ? Mouais. Le morceau titre n’était même pas présent sur le disque. J’avais tort… En fait, c’est par là qu’il faut aller pour se prendre sa claque, si possible sans connaître les "vrais" albums. Ce disque est impressionnant de rigueur formelle. C’est carré comme une brique, tous les morceaux sont rodés depuis 30 ans pour frapper juste et puis s’en vont, les pistes font toutes 3min40, c’est du calibré comme on n’en a jamais vu dans la musique rock. Celui qui ne s’intéresse jamais aux paroles ne comprendra pas forcément la raison de la présence de ce groupe ici (sauf s'il s'est déjà mangé sa rouste), et il croira avoir affaire à un groupe de punk-funk typique des années 2000 – le son énorme aidant encore plus à s’y tromper – avec tout ce que cela comporte : technicité exemplaire, tempos festifs, fausse urgence finement entretenue. Sauf que les lyrics d’Andy Gill sont autant de lames de rasoirs plantées dans le terrain de la réalité sociale la plus crue, instruments de dissection d’une société anglaise (et mondiale) en plein glissement vers l’inhumanité. Les morceaux les plus catchy feraient pourtant, en dépit de leur message parfois très dur, un tabac sur les pistes de danse d’aujourd’hui, voire sur les radios (la mélodie étant bien là parmi les larsen et les rythmiques martiales.) Ne comparez pas avec des groupes assimilés post-punks récents, vous risqueriez de tout revendre dans la foulée… Franz Ferdinand ? Aux chiottes. Editors ? Aux chiottes. Bloc Party ? Aux chiottes. The Killers ? Ils y sont déjà. Interpopol ? etc… Vous l’aurez compris, Gang Of Four constitue la base de ce courant revival, qui en a d’ailleurs soigneusement occulté tout le contenu politique, et cette fois-ci, les rois sont revenus pour récupérer leur couronne… Pour ce qui est des fameux textes, on préfèrera s’étendre dessus dans une prochaine chronique… La société de consommation est conspuée, bien entendu, mais le groupe va parfois plus loin, jusqu’à lâcher une phrase du genre "Capital : it fails us now….", qui n’a jamais semblé autant d’actualité. Les rapports homme/femme sont également passés au vitriol, et vu la douleur, il y avait besoin de désinfecter : I Love A Man In A Uniform, Damaged Goods… Tiens, parlons-en, de Damaged Goods. C’est dès sa première écoute que l’on réalise que ce disque est indispensable. Le son est surgonflé, sans commune mesure avec la production sans moyens de l’époque… On comprend soudain la raison de cette reformation pas comme les autres : le groupe a voulu ré-enregistrer une sorte de best of de sa carrière pour faire jeu égal avec les tenants du revival post-punk précité, l’argument/excuse du "son qui a vieilli" étant trop souvent évoqué par les gens de mauvaise foi pour préférer les copies aux originaux. Ils n’ont désormais plus qu’à ramasser leur dentition et à ‘retourner le cadeau’, c'est-à-dire à revendre leurs pâles copies de Gang of Four. L’album peut lasser sur la longueur, surtout vu l’uniformité de son et de production, mais la présence de hits imparables que sont Damaged Goods et At Home He’s A Tourist (‘Down on the disco floor !!’ … la suite est éloquente), ne laisse plus aucune échappatoire à la réalité : Gang Of Four est une machine. A danser, à penser, à réduire les autres groupes en miettes… Une musique violente, extrêmement pessimiste et totalitaire, débarrassée de tout sentiment ou affect. Sans pitié.
note Publiée le mardi 15 septembre 2009
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- Cinabre › Envoyez un message privé àCinabre
Ça faisait longtemps que je l'avais pas ressorti celui-là! Dans les comebacks réussis, ça se pose là quand même. Peut-être même plus que Papa Frosties.
- Note donnée au disque :
- mangetout › Envoyez un message privé àmangetout
"aucun album n’est délaissé" hum ! Je fais mon vieux grincheux habituel mais il n'y a rien de "Hard" (1983) qui contient l'excellent titre "Independance" l'orientation de cet album, poussant plus loin encore que son prédécesseur "Song of the free", étant sérieusement funky/new-wave avec production adéquate (et quelques tics à la Human League par moment, c'est dire) je doute qu'il soit gouté à sa juste valeur par ici et encore moins par le groupe lui-même maintenant, pas assez "roots & rebel" !
- No background › Envoyez un message privé àNo background
Merci pour le conseil, je viens d'écouter les Peel sessions, bien sympa. Dommage effectivement qu'il n'y ait pas un vrai bon live au catalogue.
- ericbaisons › Envoyez un message privé àericbaisons
et pourtant ça passe niquel. Faut plutot le voir comme un best of, effectivement c'est plus que retravaillé puisque rejoué. L'ambiance change de crispée à funky, mais c'est loin d'etre deplaisant. Et pour un enregistrement live studio, il y a les peel sessions qui sont monumentales, certes un peu courtes. Là ou je suis d'accord, c'est qu'il manque un vrai bon live de l'époque
- Note donnée au disque :
- No background › Envoyez un message privé àNo background
Mouais. Je ne suis pas du tout convaincu par ces ré-enregistrements, et encore moins par le CD de remixes qui va avec. On retrouve d'ailleurs sur celui-ci The Rakes, Yeah Yeah Yeah's, Dandy Warhols, pas sûr que l'intention de Gang Of Four soit d'écraser tous les autres groupes... Un moyen de refaire parler d'eux OK, ils le méritent (et accessoirement de récolter des royalties, ce qui n'est pas le cas pour eux avec les premiers albums), mais tant qu'à faire j'aurais largement préférer un live avec un bon son. Pour une fois, je suis totalement d'accord avec la chronique de Pitchfork : "simultaneously heavier and less abrasive than the old tracks", "louder production just sound modern; in an odd way it's already more dated than the sound of the original albums", "better to shell out for the actual show than for the disc that approximates it", "Return the Gift is ultimately superfluous."