O Yuki Conjugate › Undercurrents (in Dark Waters)

Plutôt éloignés des considérations ritualistes ou spiritualistes de la plupart des acteurs du renouveau des formations tribales-percussives de la fin du dernier millénaire, les musiciens derrière O Yuki Conjugate se rapprochent plus aisément des paysages sonores d'un Steve Roach ou de certaines formations new age désireuses d'apaiser l'auditeur stressé en lui offrant un voyage tout compris vers une vision zen d'une nature calme et tranquille – ce qui n'exclut pas une profondeur et une richesse qui les rend tout à fait digne du statut qui est le leur ; on est parfois proche d'une sérénité presque tragique à la Jack or Jive (notamment 'Out of Nothing' et ses chants orientaux) ou Cocteau Twins (plus dans l'esprit que musicalement, j'entends). La musique est si réservée et si délicate que les ténèbres s'insinuent dans plus d'un interstice, depuis la pochette : l'eau profonde est symbole de mort au Japon... Les titres 9 à 13 ont quatre ans de moins que les premiers et cela se ressent immédiatement – production plus claire, synthés moins perceptibles, percussions plus complexes ; mais en aucun cas cela n'altère le message ou plutôt l'absence de message de l'album. C'est plutôt un niveau supplémentaire de détails que l'on peut observer à travers ce paysage d'un calme olympien, presque vierge de toute présence humaine, où percussions discrètes, nappes aquatiques et effleurement naturels converge en une quête terriblement esthétisante de la sérénité de l'âme humaine, débarrassée de tout fardeau jusqu'à pouvoir rendre son dernier souffle le sourire aux lèvres.