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Ani Difranco › Ani Difranco

13 titres - 46 :51 min

  • 1/ Both Hands
  • 2/ Talk To Me Now
  • 3/ The Slant
  • 4/ Work Our Way Out
  • 5/ Dog Coffee
  • 6/ Lost Woman Song
  • 7/ Pale Purple
  • 8/ Rush Hour
  • 9/ Fire Door
  • 10/ The Story
  • 11/ Every Angle
  • 12/ Out Of Habit
  • 13/ Letting The Telephone Ring

informations

Produit par Ani DiFranco et Dale Anderson - Ingé-son : John Caruso - Masterisé par Ed Stone

line up

Ani DiFranco (guitare, voix)

chronique

  • guitare / voix

Dans la famille « injustement méconnue », je demande la patronne. La big boss, pourrait-on dire. La reine des cambriolées, inlassablement copiée depuis ce premier effort, qui ne fut que le début d’une discographie interminable… Un album par an depuis 20 ans, pas compliqué. Ani Difranco. Pas vraiment rattachée à la scène folk, ni antifolk, ni même punk, elle débarque pourtant à New York à sa majorité, pour y créer son label avec 50 dollars (Righteous Babe, aujourd’hui une entreprise pérenne) et enregistrer ses chansons/poèmes… Le résultat est un miracle. Imaginez un peu, ça commence par la chanson parfaite : Both Hands, ode aux apparts miteux et aux histoires qu’on vit dedans, et que sais-je encore… Toujours est-il que la nana, là, de l’autre côté du micro, elle vient de te balancer toute sa vie à la face, à toi, rien qu’à toi, et débrouille toi avec. On va essayer de ne pas trop déifier l’interprète (qui n’a pas toujours gardé cette simplicité, ce côté à vif), mais disons que le silence après Both Hands, c’est encore du Both Hands. Saperlotte, ce truc est censé être une démo… un truc initialement pressé à 500 exemplaires puis vendu lors de ses incessants concerts dans les bars… Ani est censée n’avoir que 19 ans. La maturité dont elle fait preuve ici est pour le moins ahurissante… Musicalement, tout d’abord c’est une certaine idée de la perfection : son jeu de guitare est varié, mélodique, extrêmement nerveux et à fleur de peau ; sa voix d’une justesse et d’un registre incroyable. Quant aux textes, ils sont complexes, à la fois crus et opaques, fait d’allusions incomplètes, mais ne laissant aucun doute sur les opinions et le parcours de leur auteur : refusant de jouer le jeu des rapports homme/femme tel qu’on lui impose, elle dit « ne plus détourner les yeux », et répond sèchement aux avances (« The Story », merveilleux condensé de l’album et du message). Les thèmes semblent tourner autour d’une relation tumultueuse, mais surtout de l’insatisfaction chronique d’Ani, qui reste tendue et sur ses gardes même lors d’une chanson sur le sentiment amoureux (Every Angle, comment mieux décrire le tiraillement d’une relation à demi esquissée ?)… Jusqu’à devenir politiques, sur Lost Woman Song, qui aborde un thème bien plus profond que son titre désuet peut laisser supposer… Cet album, qui se découvre sur la longueur, est ainsi plein de phrases bien senties, d’une sagesse surprenante ( « my father, he told me the story, and it was true, for his time. but now the story's different, maybe I should tell him mine »), au milieu des histoires d’errances et d’erreurs de jeunesse de la chanteuse, toujours en équilibre entre l’absolue impudeur et crudité de l’enregistrement et les détours pris par les paroles, qui nécessitent parfois de se mettre dans la peau de cette jeune femme de 19 ans vivant aux USA pour comprendre. Certains titres restent d’ailleurs énigmatiques, malgré leur nudité absolue ; la faute aux mélodies étranges de Difranco, posées sur des refrains qui poussent au questionnement (« I don’t need to tell you what it is about / You just start on the inside and work your way out »). Et surtout, à chaque seconde, cette fluidité, cette facilité apparente, passant du langage parlé à la poésie la plus délicate, cette évidence mélodique dans la moindre note… Elle pourrait chanter sur n’importe quoi, c’est comme si on était prêt à boire la moindre de ses paroles, prononcées avec ce débit si fluide et si typique, cette diction qui s’adapte à la moindre émotion… D’ailleurs, l’album se termine sur une histoire de cocufiage d’une banalité confondante (Letting the telephone ring…)… et pourtant, pourtant… on est scotché. L’individualité d’Ani Difranco est déjà insécable sur ce premier disque, qui mets fin à pas mal de clichés… Non, Madonna n’est pas la définition d’une femme forte. Non, on n’est pas obligé de faire du rap pour raconter la rue et avoir un message. Non, la musique la plus accessible et envoûtante ne passe pas à la radio. On entend souvent parler d’Ani DiFranco comme d’une Alanis Morissette underground, qui n’aurait pas signé, qui aurait un peu plus de choses à dire... Ce qui reviendrai à comparer du vin et du jus de raisin : ça se ressemble beaucoup en effet, et encore faut-il avoir goûté au deux pour savoir que ça n’a rien à voir. Simple illustration de la différence, fondamentale : “I don't want to play for you anymore / show me what you can do / tell me what are you here for / I want my old friends / I want my old face / I want my old mind / fuck this time and place” chantait-elle avant même de se voir proposer le moindre contrat... (ce qui explique pourquoi on entend jamais du Ani Difranco à la radio, en dépit du potentiel commercial, il faut bien le reconnaître, colossal) Non, DiFranco est tout la-haut, parmi les Elliott Smith et les Jeff Mangum… Sauf que elle est toujours là, plus que jamais, prolifique et passionnée. Et ça, faudrait voir à pas l’oublier. « and when we leave the landlord will come / and paint over it all »…

note       Publiée le lundi 31 août 2009

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Potters field Envoyez un message privé àPotters field

connais pas celui là, mais je kiffe assez to the teeth et educated guess

Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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(Non mais sinon -hors merveilleux mystère- tout est juste hein, je trouve, assez).

Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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Alors...

Comme prévu je l'aurai pas fait comme ça ; comme tu vas dire, y'a cas contre-chro ; comme par hasard j'ai pas celui-là en dur donc je patientais.

Je l'aurais fait moins historique. On va dire. Elle est de celles, me dit-on loin dedans,, qu'il faut excepter des encyclopédies, des encycliques. Celles Qu'Il Ne Faut Pas Expliquer.

...

NevrOp4th Envoyez un message privé àNevrOp4th

Bonne chronique et très intéressante, merci! Toujours entendu parler de cette artiste sans jamais y jeter une oreille.

Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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Bon... Je sais pas encore si je dois te féliciter pour l'avoir amenée dans le coin ou si je dois te péter les dents pour avoir révélé à ma place à tous ces gens l'existence de mon Secret Amour. Je te dirai ça une fois lue la chro...

Voyons ça.