Clark › Totems Flare

"Totems Flare" est un bel exercice de malade. Si votre intérêt pour les musiques électroniques ces vingt dernières années s’était exclusivement porté sur les écoles, les artistes ou les styles qui auront occupé le devant de la scène, autrement dit, en étant large, de Fatboy Slim à Aphex Twin, le nouvel album de Chris Clark vous permettra sans l’ombre d’un doute de rattraper le temps perdu et d’ainsi suivre en accéléré un cours de rattrapage intensif en seulement onze titres et quarante cinq minutes ! Dire que le britannique déborde d’imagination est un doux euphémisme ; cette nouvelle production Warp s’apparente à un labyrinthe inextricable, fait de portes et de passages secrets qui eux-mêmes dissimulent d’autres voies d’accès tout aussi mystérieuses, digne de figurer sur un dessin de Maurits Escher. Une fois plongé dans l'oeuvre, la probabilité de croire encore à une issue se fait de plus en plus maigre. C’est qu’il faut s’accrocher pour pouvoir suivre l’artiste dans ses lubies souvent pas très nettes. Car derrière cette forteresse imprenable de beats improbables, derrière ces breaks et contre breaks, avantage, nouvelles balles, deuxième service, tout au bout, tout à coup, surgit l’impensable : une mélodie ("Totem Crackerjack") ! Le découpage des titres aurait pu être tout autre, tant chacune des pièces se subdivise en autant de fragments d’idées souvent saugrenues mais pas forcément incompatibles. Avec "Totems Flare", Clark signe un véritable ovni musical, terme ô combien galvaudé, mais qui ici prend véritablement tout son sens.