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Carl Nielsen (1865-1931) › Symphonie n°3

cd • 70:29 min

symphonie n°3, opus 27 "sinfonia espansiva" • 4 titres • 36:14 min

  • 1I allegro espansivo12:03
  • 2II andante pastorale8:46
  • 3III allegretto un poco5:49
  • 4IV allegro9:36

symphonie n°6,"sinfonia semplice" • 4 titres • 34:35 min

  • 1I tempo giusto12:23
  • 2II Humoreske (allegretto)3:43
  • 3III proposta seria (adagio)5:10
  • 4IV tema con variazioni (allegro)10:12

informations

Enregistré du 31 aout au 2 septembre 1999 (symphonie n°3) et les 9et 10 septembre (symphonie n°6) au Culture Hall, Helsinki. Ingénieur : Onno Scholtze.

Cette version de Saraste met en avant, par son rythme soutenu conjugué à la sensualité de son legato, les aspects "orientaux" de la musique de Nielsen, perceptible ici notamment dans l'andante, donnant à l'ensemble une couleur "ravelienne" qui me semble non seulement juste, mais aussi d'une grande beauté. Pour une lecture plus parfaite et plastiquement irréprochable, Blomstedt avec le San Francisco se pose là (sa version avec le Danish National Radio, plus rugueuse, est aussi à conseiller). Mentionnons également la merveilleuse intégrale dite "historique" de Ole Schmidt avec le LSO.

line up

Finnish Radio Symphony Orchestra; Jukka-Pekka Saraste (direction); Anna-Kristiina Kaapola (soprano); Jaakko Kortekangas (baryton)

chronique

  • musique symphonique - romantique/xxième

J'ai pour l'oeuvre du danois Carl Nielsen une passion absolue. J'aime cet homme, j'aime sa musique. Plus qu'une autre, elle incarne avec une personnalité profonde, complète et indomptable, la beauté en musique. Une oeuvre qui ne ressemble qu'à elle-même, et dont j'ai déjà et modestement tenté d'évoquer les particularités et identités, dans la chronique des pièces pour piano. Je le disais alors : ce qui vaut pour ses pièces solistes vaut pour ses symphonies; cette troisième, "espansiva", n'est qu'espaces, émotions et nuages, aussi largement romantique et mélodieuse que foncièrement plastique; une immense demi-heure de vagues et de contrastes, de merveilles d'acoustique pur et d'instants mélodiques superbes. Nielsen est un compositeur à part. Entre héritage et liberté, classicisme et abstraction, il développa une oeuvre puissante et singulière, où s'exprime un sens mélodique aussi original que saisissant. Si ses 3 dernières symphonies (4,5 et 6) sont marquées par l'expression dramatique et tragique, "Sinfonia espansiva" est une sorte de culminance héroïque, largement tempérée par des balancements tour à tour mélancoliques, pastoraux voire diaphanes. Très porté sur les cordes, le danois utilise l'orchestre comme une pâte acoustique homogène dont il travaille la matière et les nuances avec souplesse et dextérité. Boisé, subtil, organique, l'orchestre de Carl Nielsen joue sur les voiles et les épaisseurs des altos, violons et violoncelles pour habiller l'espace avec profondeur, avant d'en détacher des lignes indociles de hautbois ou de flûte qui détaillent le mouvement permanent des harmonies de cordes. Régulièrement emportée par la force des cuivres et plombée de lourdes timbales, la musique du danois oscille entre les bourrasques terrestres et les territoires harmoniques et sonores les plus éthérés. Le premier mouvement en est une formidable démonstration. Dans une virtuosité rythmique remarquable, "allegro espansivo" se déroule en successions d'élans épiques et puissamment inspirés et de tensions soudainement silencieuses, entretenues au loin par le sifflement des cordes, inquiétées d'une flûte, clarinette, ou violon soliste. Eclats de cuivres, apothéoses harmoniques, optimisme et tourments, Nielsen enchaîne les accès massifs et les plongées de silence, les thèmes germaniques et les neiges mélodiques slaves; un tourbillon changeant de thèmes marqués, puissamment évocateurs, et de havres suspendus, mystérieux et hantés. Le murmure. Le bruit. L'horizon. L'orage. Avec en son coeur l'explosion d'un des thèmes les plus marquants du genre, véritable déclamation romantique, tragique et raffinée, construit en réponses entre trompettes et trombones, "Allegro espansivo" réussit à malmener sans jamais tomber dans l'agression, par sa virtuosité flamboyante et sa pratique incessante du contraste. A l'opposée de cette versatilité dynamique, "Andante pastorale" est une des pièces les plus sublimes et essentielles du compositeur danois; un authentique moment d'exception. Minimal, vibrant, le long mouvement installe une gravité lente et neutre, à l'aide de cors austères qui tapissent le silence en un lourd balancier; un léger coup de timbale marque l'arrivée des flûte, hautbois et clarinette, puis le glissement saillant des cordes imprègne l'austérité d'une tristesse plus palpable. Aérien et mélancolique, neigeux, Tchaïkovskien, l'andante finit par s'élever au celeste absolu avec l'entrée des voix : une vocalise angélique dont l'apparition illumine l'espace sonore dans un accomplissement de pureté mélodique saisissant, et dont les frissons ne vous quitteront plus jamais. Offert comme accomplissement au coeur d'un andante mélancolique, ce stupéfiant moment d'élévation à l'acoustique cotonneuse et irisée est ainsi décrit par l'auteur lui-même : " deux voix créant une atmosphère extrêmement tranquille de bonheur paradisiaque". Nous sommes en 1910 et Nielsen y impose une écriture minimaliste à la portée émotionnelle irradiante, dont le Gorecki de la symphonie n°3 ne sera qu'un héritier parmi d'autres. Oeuvre de basculement vers la maturité, la symphonie n°3 de Nielsen montre cette rencontre magnifique entre culture de l'harmonie classique, et cette liberté virtuose et magistrale vers laquelle avance l'étonnant compositeur. Une pièce à la beauté stupéfiante, merveilleuse alchimie de douceurs, d'éclats, de classicisme, de romantisme et de pures atmosphères, de brises froides, de coton, et d'aurores boréales.

note       Publiée le dimanche 22 mars 2009

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    ellington Envoyez un message privé àellington

    Mon écrivain musical préféré m'enjoint d'écouter Nielsen , interprété par Blomstedt plutôt que Bernstein . Je note pour un ces jours , et je ne doute pas d'y trouver grand plaisir . Mais si l'idée est de supplanter le cher vieux Léonard , je préfère ne pas , comme dit Bartleby . Autant me demander de remplacer ma femme par une autre , au prétexte que l'autre aurait le teint plus frais et le cul plus ferme . Ayant ecouté ce génie depuis tant d'années ( je ne parle plus de ma femme , là ) , tout un cinoche s'est construit , au-delà de la réalité et du bon sens . Quand je met un disque de qui-vous-voulez par Léonard Bernstein , le vieux Lenny apparaît , ouvre mon cinéma personnel , me prend par l'épaule pour me conduire à la meilleure place , sort une bonne vanne et va me chercher du pop-corn . Blomstedt ne sait pas faire ça , pas encore .

    Note donnée au disque :       
    Arno Envoyez un message privé àArno

    Je me suis mal exprimé... Je voulais juste dire que je retrouve pas mal de Nielsen dans la patte orchestrale de Chostakovitch... Je voulais exactement dire la même chose que Sheer-Khan: il est hors mode... (et dans ce sens pour moi, il est assez en avance)...

    Sigur_Langföl Envoyez un message privé àSigur_Langföl

    Bien vu

    Sheer-khan Envoyez un message privé àSheer-khan
    avatar

    Je parle du minimalisme de l'andante pastorale de la symphonie n°3, pas de Nielsen en général, qui en effet n'a rien d'un minimaliste... et d'ailleurs j'aurai certes du utiliser le terme "épuré", plutôt que minimaliste... quant aux sphères dont tu parles, je cautionne ce que tu dis, tout en précisant qu'à mes oreilles, la sphère Nielsen est unique, et qu'aucun autre compositeur ne s'y est jamais trouvé, d'où ma passion pour le Danois... Nielsen n'est ni en avance ni en retard, il est juste ailleurs...

    ellington Envoyez un message privé àellington

    Tellement en avance, Nielsen ? Allons, allons , arno . Nous sommes en 1910 , Wagner , Mahler , Debussy , Stravinsky et Schoenberg avaient déja mis toute la musique cul par dessus tête puis emmené dans des sphères que Nielsen ne frequentera jamais .Ceci dit , j'aime aussi ce compositeur et l'intégrale des symphonies par Bernstein ( sony ) m'accompagne depuis longtemps.Si Maitre kahn y voit une écriture minimaliste , c'est peut-etre grace ( ou a cause de )l'interprétation de Saraste . Il est vrai qu'avec mon ami Bernstein , RIEN ne peut être minimaliste .

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