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Leonard Cohen › Songs of Love and Hate

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The Gloth      jeudi 29 avril 2010 - 12:01

cd • 8 titres • 44:21 min

  • 1Avalanche5:07
  • 2Last Year's Man6:02
  • 3Dress Rehearsal Rag6:12
  • 4Diamonds In The Mine3:52
  • 5Love Calls You By Your Name5:44
  • 6Famous Blue Raincoat5:15
  • 7Sing Another Song Boys (live)6:17
  • 8Joan Of Arc6:29

informations

Produit par Bob Johnston

line up

Paul Buckmaster (arrangements cordes et cuivres, chef d'orchestre), Leonard Cohen (chant, guitare acoustique), Ron Cornelius (guitare acoustique & électrique), Charlie Daniels (guitare acoustique, basse, violon), Elkin "Bubba" Fowler (guitare acoustique, banjo, basse), Bob Johnston (piano), Corlynn Hanney (voix), Susan Mussmano (voix), The Corona Academy (voix d'enfants), Michael Sahl (cordes)

chronique

  • terminal

Le premier recueil était gris. Un vieux manteau de laine, poussiéreux, pour les automnes solitaires. Le second fut d’un gris plus clair, délavé, beaucoup moins tenace. Le troisième, ici présent, n’est mué que par une seule couleur, qui n’en est d’ailleurs pas une et qui les recouvre toutes : le noir. Une couverture noire, maculée de larmes, pour les hivers suicidaires. Qui oserait… ne pas se sentir poignardé au cœur, à l’écoute de cette détresse palpable, qui suinte de partout ? Le chagrin oui. La tristesse, la ferveur, la sagesse, toujours, mais les rêves de jours meilleurs mis à sacs, ne reste que l’attente d’une mort presque certaine, qu’on accueille les bras ouverts. Ne vous fiez pas à ce visage souriant, il n'est là que pour mieux vous tromper, même si le titre froidement placardé ne laisse aucun doute quant au contenu. Cet intitulé se veut révélateur des deux faces de l’album, qui était, il n'est pas inutile de le rappeler, pensé à l’époque en tant que vinyle, c'est à dire en deux actes : une face pour la haine (‘A’) et une pour l’amour (‘B’). Pour ma part et en dépit de toute explication rationnelle, je n’y entendrai jamais que deux faces pour un même thème : la souffrance. Tout comme Closer le sera pour Joy Division, il s’agit de l’album-abîme, le disque-frontière qu’on ne rencontre qu’une fois dans la carrière d’un artiste, une œuvre où l’affliction est exprimée sans détours. La mise à nu douloureuse d’un homme au plus profond de ses abîmes, hanté par la mort, les remords. Si le premier album du Canadien pouvait se révéler un allié précieux et un compagnon d’infortune pendant les moments de blues, celui-ci n’hésitera jamais à appuyer sur le poignard fiché dans notre poitrine. Vicieusement. Il suffit parfois de rien pour passer l’arme à gauche, et cette plongée dans l’hiver des sentiments ne se fera pas sans victimes collatérales. A l’époque le Canadien ne devait pas se douter qu’il serait encore là en 2009, oh, sûrement pas. Traversant une période particulièrement sombre de son existence, il a ici embrassé les gouffres de son âme, les mêmes gouffres avec lesquels il ne flirtera à nouveau que bien plus tard. Noyé dans le chagrin et le désespoir. Sans larmes forcées, ni pathos théâtral, pas la moindre mise en scène, excepté ces violons tragiques qui surgissent de la nuit pour resserrer l’étreinte autour de notre gorge. Ça fait mal, et on ne s’étonne pas d’apprendre que ce disque fut une des inspirations majeures de nombreux artistes gothiques. Une production plus puissante et plus dramatique que celle du premier, sans ambiguïté aucune, ni compromis, qui ne laisse plus de place à l’évasion ou au bribes de paradis. Ce sont un peu les mêmes voix féminines en background pourtant, les mêmes voix séraphiques, des voix d’enfants, parfois… mais on n’a plus l’impression qu’elles viennent du paradis. Des fantômes accompagnateurs, des esprits qui suivent le poète meurtri dans sa descente aux enfers. Les parties de guitare atteignent ici une force rare et une sensibilité extrême. A l'instar du grand Paco De Lucia dans un autre registre, Cohen fait partie de ces guitaristes au toucher unique, dont l'art restera à jamais infalsifiable, même par le plus acharné des musiciens. La technique n'est pas seule en jeu. Le Maître danse avec ses cordes et tisse des mélodies décharnées, implacables, bouleversantes. Son jeu sublime, unique et très personnel, d'une précision extrême et d'une sournoiserie aux faux airs de fragilité, à fleur de phalanges, soutient sa voix plus belle que jamais, plus profonde qu’avant, caverneuse par endroits, gorgée d’amertume, de fiel même. Hostile. Meurtrière. Cohen, brisé par une trahison, adresse "Famous Blue Raincoat" à son "frère", identifié par ce terme assassin : "my killer". Une complainte nocturne en forme de lettre qu’il achève par un "sincerely" d’une amertume terrible à celui qui brisa son couple. Je pourrais aussi parler longuement de "Dress Rehearsal Rag" la vicieuse, toute en pics et chute, une corde raide sur laquelle Cohen appuie, relâche, sans arrêt, une tension exercée de main experte... et scélérate. Le chanteur s’emporte dans des envolées lyriques déchirantes avant de s’apaiser, pour mieux revenir à la charge, puis retomber à nouveau. Meurtrier. Je pourrais également faire allusion à la désolation totale de pièces comme "Last Year’s Man" ou "Love Calls You By Your Name" la cruelle, et en dire long sur le country "Diamonds In The Mine", le seul morceau enlevé du lot (avec peut-être le live "Sing Another Song, Boys", encore que), qui derrière ses airs légers et insouciants se révèle pourtant l’un des plus écorchés, Cohen se lâchant dans un chant complètement déglingué, cabossé, éthylique, le ricanement délibéré d’un type au seuil de sa propre tombe, qui n’a plus rien à perdre et qui crache une dernière fois au visage de la lumière. Insulte, bras d’honneur, agression délibérée. Le recueil s’achève par "Joan Of Arc", bercé par des "la la la la" dont l’écho ne laisse planer aucun doute : nous sommes passés de l’autre côté. Un des plus grands classiques de son répertoire, en apparence plus serein que le reste, dans la veine de ses standards passés "Sisters Of Mercy" ou "One Of Us Cannot Be Wrong", magnifique, absolu. Vous remarquerez que j’ai sciemment évité de faire référence au premier titre, le climax de l’album et de sa carrière, que j’aurais pu, dans une de ces tirades assommantes qui me sont chères, décrire avec force passion, mais de la sorte, souiller de mots tape-à-l’œil. Je ne me suis pas défilé, non. La raison est simple comme tout : ce serait déplacé. Et insultant. Je n’invoquerai que la pudeur pour m’en défendre. La pudeur. Et la peur.

note       Publiée le mardi 24 février 2009

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chronique

  • funérailles dans le miroir

Je voudrais bien écrire, pour une fois, de tête, sur un album qui m'a marqué, sans rien écouter une seconde aujourd'hui de ce disque, juste pour voir celui qui viendra, celui qui sera donc essentiel. Un album sombre, à défaut d'être expérimental. Pourquoi ? Parce que Noël est une fête sombre pour moi. Si on colle du mythe dessus, je dirais que c'est le fond du puits, le moment où la divinité fout un gros coup de taquet dans l'univers et fait ainsi émerger à travers la boue et la merde les petites marguerites et les petits rongeurs qui constitueront la pourriture qui arrivera ensuite à maturité l'année prochaine, ou plutôt le cycle prochain. Chez moi cette maturité arrive à Noël. Vous pouvez lire les belles chroniques de N°6 à ce propos pour mieux comprendre tout cela mais j'imagine que, vu que vous trainez par ici, vous avez une certaine connaissance de la merde du monde. Enfin, voilà, de quoi je vais parler ? Le seul album qui m'arrive en tête est celui-ci. Pourquoi, mais pourquoi ? Déjà, je crois que dans ma vie, la première chanson que j'ai apprise par coeur en anglais c'est "Famous Blue Raincoat". Et puis parce que, lorsque vraiment je sens les forces du mal s'agréger pour venir emporter un bout de ma patience, avant que le glaive s'abatte et tranche tout (ça serait alors cet album de Blut aus Nord qui fait le ménage, entre autres), eh bien nous nous enfonçons dans la malédiction avec Leonard Cohen. Il est mort il y a peu, et quel miracle ! Le gars a déjà plusieurs vies quand il sort cet immondice, et il va vivre encore des dizaines et dizaines d'années de lose, de dépression chronique, de renoncements, silence, trahisons, succès et autres tricheries. Mais celui qui me revient en tête, ce disque de Noël, cette pré-apocalyse est là : Avalanche de mauvais signes, raillerie de l'humanité, plus de putains de diamants dans la mine bande de..., et allez, fais ta Jeanne D'Arc qu'on chiale un coup, fais ton malin. Les textes sont ce qu'ils sont. Mais pour moi, ils ont revêtu des significations diverses, presque toujours de l'ordre du témoignage de la perte, de la perte de confiance, des voeux brisés, des générations non bienvenues, des enfants qui pleurent seuls, des hommes blessés à mort bien trop seuls face à la connaissance du monde balancé d'en haut par je ne sais quel démiurge sadique. Je suis préposé au métal ici. Mais sachez que ce disque fut en fait ma réelle entrée dans le monde des musiques sombres, vraiment sombres : le métal c'est fun à côté de cet album. Même celui qui se veut dépressif. Le métal c'est trop loin. Leonard Cohen lui il vous fout un doigt dans le cul en vous bavant dans l'oreille pendant que vous reniflez. Oui, allez, chronique non-orthodoxe. Pour la musique c'est de la gratte en bois des fois des guimbardes et des choeurs féminins. Des mélodies qui accrochent. Mais l'essentiel n'est pas là : il réside dans cette vérité pointée du doigt à chaque mort : toute chose arrive à terme, et le moment le plus propice pour s'en rendre compte réside au crépuscule de la vie, quelle misère. Puis, tout lendemain de fêtes sera le prétexte d'un renouveau, "c'est dit dans l'Evangile" dixit Dousseur de Vivre. Et ceux qui n'y survivent pas crameront dans leur petit enfer, alias les histoires de Leonard Cohen en boucle, pour toujours. La tronche pleine de savon.

note       Publiée le mercredi 26 décembre 2018

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Coltranophile Envoyez un message privé àColtranophile

Juste sur l’analyse «en tension » chez Cohen, explosif chez Dylan. J’y aura pas pensé sans ton commentaire. Le Dylan, tout le disque, est un défouloir cathartique. Le Cohen est plus « Ancien Testament », c’est une quête nerveuse à mes oreilles.

Note donnée au disque :       
nowyouknow Envoyez un message privé ànowyouknow

J’en avais conscience mais tu as raison de le faire remarquer. Pour moi le chemin a été inverse et au delà de ça Idiot Wind c’est un soleil, un point de référence sur le mode du « je bouillonne ». Il faudrait nuancer car la démarche n’est pas tout à fait la même mais il y a vraiment quelque chose, ce quelque chose pas loin d’exploser avec Cohen et qui pète carrément chez Dylan.

Coltranophile Envoyez un message privé àColtranophile

@nowyouknow Tu aurais pu inverser la chose, vu que chronologiquement......si je ne m'abuse. C'est peut-être le père Zimmerman qui a été influencé par son disciple?

Note donnée au disque :       
nowyouknow Envoyez un message privé ànowyouknow

'Dress Rehearsal Rag' waouw.. Son Idiot Wind un peu, sacrée pièce...

Aladdin_Sane Envoyez un message privé àAladdin_Sane

Je suis toujours resté à distance de Leonard Cohen, effrayé sans doute la dimension de l'artiste/poète. Je connais bien entendu certaines de ses chansons. Là, je les (re)découvre au sein de cet album que je trouve vraiment bouleversant.