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Jeru The Damaja › Still Rising

cd • 16 titres • 56:03 min

  • 1Intro
  • 2The Crack
  • 3The Prophet
  • 4Ghetto
  • 5Murdera
  • 6Quantum Leap
  • 7History 101
  • 8How Ill
  • 9Will Grow (Interlude)
  • 10Dirty Bomb
  • 11N.Y.
  • 12Juss Buggn'
  • 13Airplay
  • 14Kick Rocks
  • 15Hold Tight
  • 16Streets (Feat. Camile Velasco)

informations

line up

Jeru The Damaja (MC, production), Sabor (production) + Showkase (production), Camile Velasco (chant)

chronique

  • rap conscient

Il est toujours intéressant de prendre la température et de voir ce que valent aujourd’hui des vieux briscards comme Jeru – en ces temps de médisance où le hip-hop n’apporte guère plus d’une poignée d’album marquants par an, on peut légitimement se demander si un type comme lui, surtout après deux albums médiocres en dix ans et des apparitions auprès de crews aussi chiants que La Coka Nostra, n’a pas perdu de sa superbe. Non. Contrairement à d’autres premiers couteaux East Coast de la grande époque, le rappeur est resté intègre et fidèle au hip hop "conscient", malgré quelques coups de canifs dans le contrat, malgré qu'il aie perdu son allié le plus précieux, DJ Premier. Ce MC peut être dûment respecté à l’heure où bon nombre de ses ennemis ou ex-amis se sont purement et simplement vendus et creusé par la même occasion leur propre tombe. Still Rising est un album dur et frontal, à l’image du personnage. Les choses ne sont pas dites à demi-mot, le flow s’est peut être même durci avec le temps même s'il a ralenti et figé : rocailleux et puissant, sans aucun relâchement, et d'une froideur extrême, les émotions les plus triviales étant totalement bannies. Jeru articule chaque mot, rappe cliniquement : c'est Jeru. Sa diction carrée et impassible, dénuée de pathos, livre des punchlines très crues. Prisonnier du personnage qu’il s’est lui-même créé ("prophète du hip-hop"), responsable de quelques-un des egotrips les plus mégalos du genre, et un des défenseurs les plus acharnés de la cause noire. Nous sommes en 2007 et DJ Premier a quitté la barque, lui qui s’est au fil du temps révélé de plus en plus incapable de renouveler ses exploits passés (il y’en a de toute façon eu suffisamment pour qu’il mérite un bel épitaphe sur sa tombe, même si ça a viré au vinaigre). Les productions sont désormais assurées par un certain Sabor (qu’on avait déjà pu voir à l’œuvre sur Divine Desing) et Jeru lui-même. Des prods très basiques mais efficaces, loin de Primo en termes de raffinement mais pas si éloignées dans l'effet provoqué. Il y a en commun le même minimalisme. Sans aucune forme de subtilité (ni de superflu), elles ont recours à peu d’artifices pour poser une ambiance bien noire (voix shootées à l’hélium, déformées, bruits de porc), et se servent plus de bribes d’electro et de sons flippés en tout genre, plutôt que de samples organiques (avec des moments un peu moins heureux comme "Hold Tight", sous influence du 2001 de Dre sans l'impact). Pour tout dire, je trouve même un charme malsain et sulfureux à ces prods que n’avaient pas celles plus funky de Premier, quelque chose de poisseux, de moche, se trame là-dedans, difficile de ne pas sentir une lourde menace se profiler dans les enceintes en écoutant "The Crack" ou "Murdera", ou le gimmick abrutissant de "How Ill". Mais rien n’explosera. Pas le style de la maison. Le flow du Damaja n’oscille pas, aucun mot plus haut que l’autre, la tension est maintenue en expert dans la voix, gorgée de mépris, comme dans les beats pesants, et les seuls moments un tant soit peu lumineux se trouveront vers la fin, pour ce qui est du reste Jeru est bien trop constipé par ses principes pour se permettre de plaisanter avec les choses graves – même quand il donne dans l’ironie sur l’intro du génial "Kick Rocks" c’est pour mieux enfoncer le clou : "I apologize to all persons that I have hurt in the past"… de plates excuses d’une amertume non dissimulée envers "tous ceux qu’il a blessé ou déçu" I’m sorry.. so sorry... that was a joke… On y croit pas… ou plus. Pléthore de branleurs de tout bord fraîchement débarqués sur la scène et excités comme des puces auraient quelque chose à apprendre en écoutant cet album, c’est sûr. Plus que la philosophie de vie discutable du MC, une philosophie de style digne des grands samouraïs de la East Coast: savoir se focaliser sur la tension de son rap, concentrer tout son dégoût et sa rage intérieure figées dans un flow monocorde et frontal, à l’antithèse de la violence débridée. Les lyrics sont clairs, sans ambiguïté, le MC pose un regard parfois critique sur ses erreurs de jeunesse, et frappe souvent juste. Nul besoin de trop en faire. Sur cet opus le Damaja reste en marge des projecteurs, et livre quelques cuts peut être peu originaux pour les initiés de longue date, mais très percutants. On regrettera juste la présence d’une prod plus légère signée Showkase sur "NY", titre qui sonne déplacé à mon goût, et le featuring r’n’b qui aurait été plus appréciable en d’autres circonstances. Certainement pas le meilleur album du vétéran, mais un des plus sombres, c'est certain.

note       Publiée le mercredi 18 février 2009

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    Coltranophile Envoyez un message privé àColtranophile

    Ca m'a fait la même chose. Je crois bien que c'est "Ain't The Devil Happy" qui me faisait tripper méchamment sur le premier album. Grand souvenir.

    Potters field Envoyez un message privé àPotters field

    damned, je savais pas qu'il était sorti de son mutisme le jeru. il va vite falloir que je repare cette erreur d'inattention.