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Tom Waits › Orphans 2 : bawlers

  • 2006 • Anti 6844-2-B • 1 CD digipack

20 titres - 69:37 min

  • 1/ Bend down the branches - 2/ You can never hold back spring - 3/ Long way home - 4/ Widow's grove - 5/ Little drop of poison - 6/ Shiny things - 7/ World keeps turning - 8/ Tell it to me - 9/ Never let go - 10/ Fannin street - 11/ Little man - 12/ It's over - 13/ If i have to go - 14/ Goodnight irene - 15/ The fall of troy - 16/ Take care of all my children - 17/ Down there by the train - 18/ Danny says - 19/ Jayne's blue wish - 20/ Young at heart

informations

Produit par Waits/Brennan - Enregistré, traité et mixé par Karl Derfler aux studios Bay View

line up

Ray Armando (percussion), Andrew Borger (percussion), Matt Brubeck (basse), Ralph Carney (clarinette), Bent Clausen (banjo), Jimmy Cleveland (trombone), Harry Cody (banjo), Greg Cohen (basse), Seth Ford-Young (basse), Chris Grady (tp) (trompette), Brett Gurewitz (guitare), Billy Higgins (batterie), Trevor Horn (basse), Joe Gore (guitare), Carla Kihlstedt (violon), Charlie Musselwhite (harmonica), Mule Patterson (percussion), Eric Perney (basse), Nick Phelps (cuivres), Bebe Risenfors (clarinette), Gino Robair (percussion), Matthew Sperry (basse), Colin Stetson (clarinette), Larry Taylor (basse), Francis Thumm (piano), Sullivan Waits (guitare, clarinette), Tom Waits (voix, piano, guitare, orgue), Bobby Black (guitare steel), Dan Cantrell (accordéon), Art Hillery (piano), Adam Lane (basse), Dan Plonsey (clarinette), Steve Prutsman (piano), Mike Silverman (basse), Nolan Smith (trompette), Leroy Vinnegar (basse), Tom Yoder (trombonne)

chronique

C'est un album de photos, prises un peu partout dans l'amérique rurale, au siècle dernier. Noir et blanc, dirait-on, jaunies, cornées, ocres et sépia. On y voit une fin de mariage : sur le porche en bois de l'église, la mariée regarde l'objectif et sourit, on voit, derrière elle, à moitié dans l'ombre de l'église sur le pas de la porte, un homme qui doit être son père; il regarde sur le côté. Et sur le devant, coupée par le cadrage, on voit une personne qui quitte le champ. C'est à peu près tout. La mariée est toute seule sur son porche, son bouquet à la main, elle sourit et regarde l'objectif. 1927. Il y a une autre photo, prise dans un vieux living. C'est une maison : on aperçoit des champs au travers des dentelles qui bordent la fenêtre. Il y a un gros fauteuil devant la fenêtre, et un piano. C'est une vieille photo, marquée par l'âge comme toutes les autres, mais au delà de ce voile des ans on voit que les touches de ce piano étaient déjà jaunes, craquelées... comme ces pianos qui traînent dans les salles municipales, et dont on ne se sert jamais. Sur le porte partition, il y a le portrait d'une femme. Mais on voit que les touches ne servent plus. 1938. Je ne connais des états-unis que la ville de New-York et je suis né en 1971. Ces photos de l'amérique des petites villes et des premières Ford, pourtant, me rappellent tellement de souvenirs. Je me souviens très bien de ce type, là, par exemple, avec son joli costume, et sa jolie fiancée, appuyé sur sa voiture de bois aux courbes généreuses, et qui montre ses dents à l'avenir, avec une confiance pleine et entière. 1913. Et ce restaurant, sa salle vide, et cette ferme... cette fiancée, encore. 1952. La nostalgie. Tom et moi nous sommes installés dans le salon à la nuit tombée. Dès que j'y ai mis les pieds je m'y suis senti chez moi, dans la chaleur, dans l'odeur d'encaustique, enfoncé dans un gros fauteuil à regarder les chromos délavé sur les murs, tandis que Tom s'était mis à pianoter. "Bawlers" est un titre bien curieux pour cette éloge aux souvenirs, aux temps qui passent, aux disparus. 20 ballades ancrées dans la tradition populaire américaine, du jazz, du blues, de la folk et de la country... des mélodies subtiles arrangées avec douceur, délicatesse, un peu d'harmonica, des dentelles de banjo, du violon et de la clarinette... de petites valses amoureuses, un court tango, un parfum de rumba... le grand retour de Tom Waits derrière son piano, le verre sur l'instrument, cigarette fumante dans le cendrier, et des histoires par dizaines. "Bawlers" est un titre bien curieux pour un tel moment de calme, d'arrêts sur images et de douce pudeur... pour ces tableaux intimistes, chuchotés, bienveillants. La voix de Tom se tient tranquille, elle se promène avec lenteur et fatigue, mais à mesure que la soirée avance, et qu'il fait pleurer, soupirer et sourire sur son piano toujours plus de mélodies ciselées avec la facilité d'un homme qui parle, son verre se vide, sa voix titube, ses larmes viennent. La nostalgie. "Bawlers" est un titre bien curieux pour une telle collection de regrets étouffés; de résignation tûe au cours injuste des choses qui passent, au monde qui continue de tourner, à la couleur usée qui finit de ternir les photos les plus claires, les souvenirs les plus simples. Douloureux ou habités d'une discrète chaleur, pleins d'espoir ou meurtris, après "Closing Time" et "Alice", les contes de Tom continuent de me rappeler des souvenirs que je n'ai jamais eus. 2006. Travailleur minutieux, orfèvre, savant, inspiré, Tom Waits ne laisse rien échapper au hasard, ni aux reflets roses et bleus que lui dicte son état. La nostalgie. Logée partout, au coeur de tout, exprimée par tous les moyens possibles, le choix de la tradition, des notes de vieux gospel pour piano solitaire, des histoires d'amourettes qu'on oubliera jamais... la nostalgie, dans ses styles, dans ses notes, dans ses mots, dans ses sons... dans sa voix... dans ma gorge.

note       Publiée le dimanche 8 février 2009

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vigilante Envoyez un message privé àvigilante

Le blues du confiné : entre les portraits des mômes sur le frigo et les patates qui commencent à germer. On ressort ce volume qui fait s'arrêter le temps, comme une caresse sur la couverture d'un vieil album de famille

stankey Envoyez un message privé àstankey

Poésie de la misère, humilité, tendresse, humanité et beauté au milieu des gravats...L'éclat d'un printemps en sépia.
Mince je n'avais pas lu la chronique :) (vrai !!! Bref comme quoi je ne raconte pas de conneries...)

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Richter Envoyez un message privé àRichter

Un album (compilation devrais-je dire) de ballades dans lequel Tom Waits arrive le plus à nous toucher.

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Raven Envoyez un message privé àRaven
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Sheer-Khan tu es grand ! Une compile très riche, avec de tout, du Waits relou, du Waits sublime, du Waits taquin... Un vrai panorama, un album de photos oui ! Un grand livre de souvenirs

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