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Joni Mitchell › Song to a seagull

  • 1968 • Reprise K 44051 • 1 LP 33 tours

lp • 10 titres • 38:00 min

  • Side 1: "I Came to the City"
  • 1I Had a King3:37
  • 2Michael from Mountains3:41
  • 3Night in the City2:30
  • 4Marcie4:35
  • 5Nathan La Franeer 3:18
  • Side 2: "Out of the City and Down to the Seaside"
  • 6Sisotowbell Lane 4:05
  • 7The Dawntreader5:04
  • 8The Pirate Of Penance2:44
  • 9Song to a Seagull 3:51
  • 10Cactus Tree 4:35

informations

Produit par David Crosby - fin 1967 - Ingé-son : Art Cryst

line up

Joni Mitchell (chant, piano, banshee, guitare), Lee Keefer (Banshee)

Musiciens additionnels : Stephen Stills (basse sur Night n the City)

chronique

  • journal intime

Lorsqu’on parle de folk Canadien, la première figure qui vient instantanément à l’esprit est incontestablement Neil Young. Au point d’en oublier parfois Joni Mitchell, tout aussi indémodable et appréciée de toutes les générations que le loner, et dont la carrière n’a rien à envier à celle de son ami, ni en longévité ni en abondance. Un an avant le premier éponyme de ce dernier, elle se lançait dans l’aventure avec cet étonnamment abouti premier disque, dont elle a elle-même conçue la pochette, psychédélique au premier regard, puis se révélant extrêmement personnelle si l’on s’attarde sur les détails (le genre de trucs impossible sur la version cd), reflétant tout à fait le contenu de ses paroles et, par là même, de sa vie. Car Song to a Seagull est un véritable journal intime gravé sur sillon. Une impression renforcée par le chant susurré de la demoiselle, qui décolle parfois dans des aigus un peu exagérés, ce qui me permet d’évoquer le seul gros défaut de l’ensemble : la production approximative de David Crosby (« en gros, j’ai juste appuyé sur record »), avec ses hausses de volume précipitées sur les refrains, probablement dû à un procédé un peu spécial : Joni chantait à côté d’un piano ouvert pour capter les vibrations des cordes entraînées par sa voix. Sauf qu’on devine qu’elles ne vibrent qu’à un certain volume, donc sur les refrains. Encore que cela peut accentuer le côté un peu naïf et humble de ce disque : il ne s’agit après tout que de Joni, assise sur des coussins en face de nous, ou à quelques mètres dans un salon de thé minuscule et aux murs en bois, seule avec sa guitare et sa voix si particulière (on aime o on déteste). Le dépouillement lui va si bien. S’il fallait donner un exemple de poésie hippie débarrassée de tous les effets et idéaux irréalistes de l’époque, ce serait Song to a Seagull… Et puis il y a ce jeu de guitare, sa marque de fabrique, à la complexité en rupture totale avec l’absence d’arrangements, qui atteint son paroxysme sur la face B (l’ovni The Pirate of Penance, où les voix s’entrelacent de la plus étrange manière). Ou devrais-je dire : sur « Out of the city and down to the seaside ». Car Joni Mitchell a choisi de donner un nom à chaque face : la première racontant sa fuite d’un bien étrange château (I Had A King), celui de son premier mari Chuck Mitchell, pour rejoindre les lumières dansantes de la ville (Night in the City, indispensable interlude pop sur un disque 100% acoustique), avant de s’enfuir à nouveau vers le bord de mer en taxi (le sombre Nathan La Franeer). Il est question de toute une galerie de personnages croisés sur le chemin, qu’on devine bien peu fictifs, et auxquels Joni semble rendre hommage l’un après l’autre sur Cactus Tree, le morceau final. En fait, l’univers de Joni Mitchell est si riche et, encore une fois, si profondément intime, qu’il en devient impossible à décrire. A peine la musique se termine qu’on croit avoir rêvé… Il faut dire que le vocabulaire très ciselé employé ici n’aide guère pour résumer le tout. Disons que vous vous retrouvez, le temps de 10 chansons, dans une chambre de fille, remplie d’objets fragiles et étranges que l’on ose toucher, voire regarder, et qui réveillent des images d’étoffes, d’algues, de voiliers et du meurtre d’un certain pirate… Peut-être même qu’un de ces protagonistes vous rappellera quelqu’un. Il n’y a pas 36000 scénarios possibles : soit tout cela vous semblera terriblement banal, soit vous vous sentirez flattés qu’elle ait choisi votre oreille pour y murmurer ses histoires de départ et d’amourettes volées… Et il y a quand même un petit chef d’œuvre, il s’appelle Michael from Mountains, et dévoile un talent pour les mélodies brodées encore trop méconnu. Plus féminin, à fleur de peau et rêveur que ça, ça va être difficile de trouver. Parfaitement intemporel.

note       Publiée le vendredi 6 février 2009

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    mangetout Envoyez un message privé àmangetout

    Quelle voix quand même !!! Et Dieu que j'adore le "folk inoffensif"...

    Aladdin_Sane Envoyez un message privé àAladdin_Sane

    Si les débuts folk de la chanteuse sont sympathiques, je trouve que sa musique prend une tout autre dimension à partir de "The Hissing of summer lawns" (1974). Et que dire des superbes "Hejira" et autre "Mingus". Bref, ceux qui croient que Joni Mitchell est une chanteuse folk inoffensive feraient bien de jeter une oreille sur ces albums.

    dariev stands Envoyez un message privé àdariev stands
    avatar

    c'est parce qu'ils ne savent pas encore qu'elle a influencé Prince...

    Coltranophile Envoyez un message privé àColtranophile

    Voilà une bonne nouvelle! Sinon, il est dommage que Joni attire si peu de gutsiens.

    dariev stands Envoyez un message privé àdariev stands
    avatar

    oui