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Henry Purcell (1659-1695) › Dido and Aeneas (Didon et Énée)

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Wotzenknecht      jeudi 15 octobre 2009 - 10:11
Dioneo      jeudi 1 janvier 2009 - 16:59
empreznor      jeudi 1 janvier 2009 - 16:34
born to gulo      jeudi 15 octobre 2009 - 15:43
cyprine      jeudi 15 octobre 2009 - 10:10

cd • 17 titres • 52:20 min

  • 1Overture
  • ACT ONE :
  • 2Shake the cloud from off your brow (Belinda)
  • 3Ah ! Belinda, I am prest with torment (Dido)
  • 4Whence could so much virtue spring ? (Dido)
  • 5Fear no danger to ensue (Belinda, Second Woman)
  • 6See, your royal guest appears (Belinda)
  • ACT TWO :
  • 7Prelude for the Witches – Wayward sisters (Sorceress)
  • 8Ruin’d ere the set of sun ? (First Witch)
  • 9Ritornelle – Thanks to these lonesome vales (Belinda)
  • 10Oft she visits this lone mountain (Second Woman)
  • 11Behold, upon my bending spear (Aeneas)
  • 12Stay, Prince, and hear great Jove’s command (Spirit)
  • ACT THREE :
  • 13Prelude – Come away, fellow sailors (First Sailor)
  • 14See the flags and streamers curling (Sorceress)
  • 15Your counsel all is urg’d in vain (Dido)
  • 16But Death, alas ! … When I am laid in earth (Dido)
  • 17With drooping wings ye Cupids come (Chorus)

informations

Enregistré en octobre 1961, Walthamstow Assembly Hall, London. Producteur : Ray MINSHULL. Ingénieur du son : Kenneth WILKINSON. Remastering : Andrew WEDMAN.

line up

Janet Baker(Didon, reine de Carthage), Patricia Clark (Belinda), Eileen Poulter (La Deuxième Suivante), Raimund Herincx (Énée, prince troyen), Monica Sinclair (La Magicienne), Rhianon James (La Première Sorcière), Catherine Wilson (La Deuxième Sorcière), Dorothy Dorow (L’Esprit), John Mitchinsson (Le Premier Marin). THE ST ANTHONY SINGERS (Suite de Didon et d’Énée, sujets, socières, marins). John McCarthy (Chef de chœur) Thurston Dart (continuo clavecin). ENGLISH CHAMBER ORCHESTRA. Terence Weil (continuo violoncelle). Anthony Lewis (direction).

chronique

  • opéra baroque>voûte céleste

Chant de gloire, de joie pure et pleine ; puis de chute abrupte, fatale, grandeur précipitée toute vive au tombeau. Trois cents ans et plus après sa mise au monde, il nous saisit encore, nous élève. Instille en nos tissus un bonheur limpide ou inquiet tour à tour, frémissant à tous les instants. Corps et âme, nous réconcilie. Est-ce à dire que Didon et Énée, en essence, dans son dessin, sa manière ou ses narrations, échapperait à son époque ? Certes non, pas plus qu’à son auteur. Ils sont bien là, basse continue, clavecin et violoncelle ; ces brillants octosyllabes, ces ballets de cour qui fleurissent entre les actes. Ces harmonies qui, vues d’ici après tant de révolutions, de symphonies et d’atonal, nous semblent si simples, naïves presque. Ces thèmes antiques, aussi, tellement chers à l’âge baroque, si soucieux d’enjamber les siècles écoulés à la rencontre d’un temps idéal. Et les tournures typiques de l’Anglais, sa délicatesse -proprement merveilleuse- dans la mélodie, son intuition inouïe de l’espace (le chœur en échos dans la grotte des Sorcières, procédé qu’il reprendra et développera -magnifiquement- dans The Fairy Queen…). Son sens du surgissement dans l’enchaînement des rythmes, la succession des mouvements. Non… C’est ailleurs que bat l’éternelle jeunesse de cet unique opéra. Elle foisonne dans le monde qu’il décrit, où il nous précipite. Un Âge d’Or ? Sans doute. Mais pas une Utopie, un système clos et engoncé, pas un mièvre paradis. Une perfection vivante, plutôt, à jamais mouvante, qui prend souffrances et plaisir comme autant de moteurs plutôt que de motifs ; qui ramifie leurs figures en pures émotions plastiques. Le miracle, en cette Carthage, est qu’on respire, qu’on chasse, qu’on s’adonne aux bals comme à la cour d’Angleterre, sans que jamais nul ne s’abaisse ; tout est hauteur, envol ; les amours des Grands, des Héros, ceux-là qui scellent les alliances et le sort du Monde, s’éploient en jeux et ris, peau à peau, haleines mêlées ; le Guerrier est doux Amant ; la Reine est Grâce toute terrestre ; les rondes engagent la vie entière et le sang des bêtes tuées ne laissent rien au vulgaire. Le Mal même, en sa noire assemblée, n’est pas honteux péché que l’on pointe du doigt en huant sa laideur ; comme tout ici, il est entier, parfaitement formé en toutes ses parties, irréprochable dans sa trajectoire. Ses ombres ont leur beauté, aux entrelacs de ses furies, en ses chœurs aux canons presque asymétriques. Sa ruse est le danger, la part du feu qui happe au moindre signe celui qui s’attarde au vain contentement. La ruine est sa nature, qu’il suivra jusqu’au bout. En ce monde, aussi, on n’a pas la bassesse de survivre lorsque se brise le sublime embrassement. Le Troyen reparti, leurré par les sorcières, la reine, sans un pleur, s’abandonne et se coule au néant. S’éteignent les basses en leur descente chromatique. Et tandis que le corps s’engloutit dans la terre, jaillit la voix de Dame Janet Baker, en cet air à jamais poignant, si puissant dans sa pudeur qu’il nous soulève et nous ravi, nous propulse aussi haut que monte la complainte. Le chœur, ensuite, en sa déploration, n’a cure de nous enfouir. Lentement il nous dépose en un lieu où le silence résonne de tous nos désirs, de nos aspirations à l’entière existence. Déjà s’exauce la supplique. En nous s’imprime la beauté, irrigant nos vaisseaux plus jamais en repos. Son souvenir grandit et germe, s’enracine, alors qu’à chaque seconde s’éloigne l’heure de son trépas. Nous la touchons des lèvres. Elle laisse sur nos peau et dans nos méandres le goût à jamais fugitif d’une vie non mutilée… Combien sont-ils, les chef d’œuvres, qui se fondent ainsi à nos chairs ?

note       Publiée le jeudi 1 janvier 2009

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    Wotzenknecht Envoyez un message privé àWotzenknecht
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    'Oft she visits this lone mountain'... Il n'y a que Purcell pour me faire prolonger l'écoute d'un opéra juste pour remettre trois fois un titre en boucle. J'écoute la version Haïm.

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    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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    Oui, eh eh (salut Tigrou), j'ai "légèrement" revue mon opinion, depuis, sur le Claudio ! Et c'est marrant que tu m'en parles maintenant, je viens justement de prendre en média' une version du Lamento de la Ninfa (par le Concerto Vocale) qui attend son écoute... Merci pour le coup de "c'est par là" sur cette autre oeuvre du gars et ses deux versions, parfaitement raccord, du coup ! (Providence Khan... ?)

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    Sheer-khan Envoyez un message privé àSheer-khan
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    Dio : " Personnellement, je n'ai encore rien entendu de Monteverdi qui ait beaucoup à me dire par exemple " . Je n'avais jamais noté ce petit passage, mais voici ce que je te prescrirais en guise d'ultime argument (après, les gouts et les couleurs, bien sûr...) https://www.youtube.com/watch?v=OGzfyNu4AJE version Christie, renaissance, voire baroque dans l'approche (à écouter naturellement religieusement, et plusieurs fois, pour l'immersion indispensable et bien saisir l'ahurissant biais que prend la pièce à partir de 2.45 ) ou sinon, version Savall : https://www.youtube.com/watch?v=fWOvRFrXc60 , beaucoup plus musique ancienne dans l'approche, recueillie etc... jamais pu vraiment choisir, les deux étant finalement tellement différentes qu'elles ne se concurrencent pas. Une fois pris connaissance de ceci, si Monteverdi ne fonctionne toujours pas, alors, en effet, je pense que la cause est entendue.

    No background Envoyez un message privé àNo background

    Dans ses Versailles Sessions de 2008 (prestation faite sur place donc), Murcof utilise un morceau de ce Didon et Enée dans le titre bien nommé : "A lesson for the future, farewell to the old ways".

    vartan Envoyez un message privé àvartan

    Beau commentaire. Sans doute un des sommets du baroque anglais avec les consorts de violes de Byrd et Dowland. Mais de grâce, allez quand même admirer la discographie qui propose aujourd'hui des versions qui me paraissent autrement enthousiasmantes. Haïm tout d'abord, la controversée direction de Currentzis, cinglante, Jacob ou Christie encore...