Rachel Unthank & The Winterset › The Bairns

Dans le flot ininterrompu d’artistes aux velléités folk qui déboulent régulièrement sur la scène internationale, Rachel Unthank fait figure d’exception. Certes, ses chansons sont presque toutes des adaptations de traditionnels du folklore irlandais ; il n’empêche qu’il s’en dégage une atmosphère sombre et pesante qui s’écarte singulièrement des canons édictés par le genre. Tout d’abord soutenu par la pianiste Belinda O’Hooley, véritable clef de voûte de l’édifice Winterset, et qui signe ici les deux seules plages originales de l’album ("Whitethorn" et le léger "Blackbird"), Rachel Unthank possède cette voix voilée particulière qui confère une certaine gravité à ses intonations, surtout quand, comme sur "Blue Bleezing Blind Drunk" elle prend des airs de chanteuse de cabaret. Un art du drame parfaitement consommé. Accompagné d’une de ses sœurs aux chœurs mais aussi apte à jouer du violoncelle, vous voilà fixé quant aux couleurs délavées qui donnent à "The Bairns" ce profil typique de disque hivernal (bien que publié en juillet 2007) dont le but n’est pas vraiment de réchauffer les cœurs. Au rang des surprises, on comptera les reprises "A Minor Place" de Will Oldham, et surtout l’intouchable "Sea Song" de Robert Wyatt, exercice périlleux s’il en est, dont Rachel Unthank et ses Winterset se sortent avec plus que les honneurs. Une noirceur éthérée qui, c'est un fait certain, ne pourra pas vous laisser indifférent.