A Sordid Poppy › The holy sides (1991-1992)

En 2005 sortait l'album '9:solfatares' de Torso; à la tête du projet un jeune Français du nom de Vincent Fallacara accompagné entre autres musiciens par son frère Marco à la guitare. Cette galette a déjà été chroniquée et si je la mentionne ici c'est qu'au début des années 90, les deux frangins avaient crée un groupe du nom de A Sordid Poppy avec deux potes de lycée (le nom choisi à partir de 'Poppy days' de Siouxsie and the Banshees et 'A sordid waste' de Babel 17). Comme ils le disent eux-mêmes: 'Nous avions la fougue et l'arrogance de notre jeunesse. Nos idoles s'appelaient Joy Division, Minimal Compact, And also the trees, Taxi Girl, The Cure et surtout Bauhaus...'. La suite ? Un classique. Le combo répète, enregistre six mois après sa création une première k7, 'Déhiscence', donne des concerts, récolte son petit noyau de fans dans la région de Strasbourg. Contacté par un jeune label, Red Cloud, A Sordid Poppy enregistre pendant plusieurs semaines, joue en première partie de And also the trees en octobre, puis lors d'une autre apparition à Lons-le-Saulnier avec Nuit d'octobre, Vincent se brouille avec son guitariste Yannick. C'est la fin de A Sordid Poppy qui splittera sans que les enregistrements pour Red Cloud ne puissent être publiés. Près de quinze ans après, grâce à la magie Brouillard Définitif, les voici enfin en cd. Ces 'Holy sides' sont l'oeuvre d'un groupe jeune, plein de passion avec toutes les qualités et les quelques défauts que cela implique. Assurément, les A Sordid Poppy ont un bon sens de la mélodie; oeuvrant entre cold wave et post punk au croisement de Asylum Party et des Cure, les musiciens nous livrent une musique écorchée menée par une voix juvénile où l'énergie cède parfois la place à l'atmosphère pure ('The older face', 'Dehors il y a...'), grâce notamment au travail du clavier. Les guitares dégagent quelque chose de à la fois froid et cristallin d'où cette légère empreinte triste même dans les pièces les plus rythmées, les sonorités synthétique complétant l'impression. Les jeunes gens signent de véritables réussites comme 'Un peu trop de gloire', 'The holy side', 'Inside the line' ou encore 'The old face'. Là où ils pèchent, c'est sur la longueur parfois excessive d'une ou deux pièces ('The older face', 'Dive!') qui sans être désagréables ne méritaient pourtant pas que l'on s'étende aussi longtemps dessus. Globalement, les arrangements sont malgré tout plutôt efficaces, servis qui plus est par un bon son et un mixage réussi. Si Torso m'avait ennuyé, la fraîcheur juvénile et passionnée des chansons de A Sordid Poppy m'a par contre assez vite séduit.