Hermeto Pascoal › Brasil Universo

Hermeto Pascoal n'a décidément peur de rien. Il ouvre "Brasil Universo" sur un solo de piano de près de quatre minutes. Ombrageux. Anguleux. Tortueux. Qui peut se permettre une entrée en matière aussi dramatique sans risquer de sombrer dans le parjure ? Très vite, le soprano entame un chorus, dessinant des arabesques de mélodies grâce auxquelles "Mentalizando A Cruz" va pouvoir enfin prendre son envol. Jusqu'à l'emballement qui, comme de coutume, signale une fin précoce. Le reste du disque se cantonnera à des proportions plus mesurée, les titres faisant généralement entre quatre et cinq minutes. "Surpresa" n'en est pas vraiment une puisque le piano reste l'instrument maître. "Peixinho" redonne de la vie à tout ça par le biais de mesures composées bien complexes comme on les aime. "Era Pra Ser e Nao Foi", après un démarrage introverti, plonge lui aussi dans cette forme de fusion jazz explosive qui firent les beaux jours de Return to Forever et même, dans une certaine mesure, les italiens de Area que beaucoup d'entre vous ont pu découvrir sur notre site grâce à l'apport capital du regrétté Progmonstre. Si les percussions et les gammes utilisées n'étaient pas aussi connotées, le parallèle eut été tout simplement confondant. Des poules, en veux tu en voilà sur "O Tocador Quer Beber", de quoi nous donner le tournis avant "Arapua", autre plage instrumentale ambitieuse qui, elle aussi, lorgne du côté de la musique progressive la plus expérimentale. Ensuite, un peu à l'image de son album précédent, "Brasil Universo" nous la joue samba ("Salve Copinha!"), tango ("E Nem Da Pra Dizer") et chanson engagée ("Calma de Repente") sans forcément convaincre. Bien que sa musique reste douze coudées au dessus de tout ce qui fût produit à l'époque, c'est quand même un peu le creux de la vague pour Hermeto Pascoal qui a bien du mal à se trouver un second souffle, partagé entre hommage à ses racines et excentricités en tout genres qui finissent par sentir le rire forcé.