Motorpsycho › Little lucid moments

Il y a de quoi être surpris : ceci est le premier album de Motorpsycho à être chroniqué sur guts ! J’avoue avoir toujours été étonné quant à la non-motivation de proggy envers ce groupe, pourtant bien loin de l’étiquette série B qu’on serait tenté de lui coller… 20 ans au compteur et aucun réèl succès critique ni grand public, et ils sont toujours bien là, intacts. Ni cultes ni vendus. Il faudra bien un jour que je me décide à chroniquer cette carrière presque anonyme. Nommés d’après un morceau du Dylan des débuts, les Motorpsycho sont une sorte de Brian Jonestown Massacre plus portés sur les 70’s et la grandiloquence, tout en évitant soigneusement la moindre once de souffre où de politiquement incorrect. C’est un choix. Qui paie à priori, puisque le groupe a toujours gardé une qualité musicale constante, sans jamais atteindre de véritables hauteurs célestes. En fait, pour schématiser, on tiens l’exact opposé d’un Muse : ils ne prennent que les bons éléments des 70’s, et évitent les nombreux écueils putassiers de cette époque. Rien d’affriolant ? Vous aurez bien tort de le croire : Little Lucid Moments enfile 4 chansons très longues, sur le fil entre lourdeur des guitares, envolées prog, limpidité pop et retenue indie, et c’est un festival pour les sens. Si les 6 premières minutes ne sont pas à la hauteur du reste, on se laisse agréablement surprendre par la descente en pic soudaine de A Hoof To The Head, d’une virulence mesurée mais étonnante pour un groupe si ancien et si propice aux moments de flottements dans le patchouli. Et les montagnes russes ne s’arrêtent pas là : on passe par un écoulement de notes étincelantes à la fin du véloce Hallucifuge, puis par la ballade sous les étoiles Year Zero, emprunte de romantisme et de candeur space-opera, pour arriver sur le tintinnabulement du riff de She Left On The Sun Ship, à la Little Feat, bien vite succédé par un bon gros boucan post-grunge comme ils savent les faire. On ne s’ennuie pas une seule seconde : la vibe 70’s est bien là, de même que la mélodie et le groove, omniprésentes. L’équilibre est parfait, même sur un The Alchemyst qui démarre en trombe après presque 4 minutes de préchauffage ! Little Lucid Moments, à l’image de la longue suite-titre, est une surprise de taille venant de Motorpsycho, qu’on croyait tranquillement en pré-retraite depuis Black Hole/Black Canvas en 2006… Les voici en forme olympique avec ce disque super frais, fringuant d’ambition et de moments de grâce riffesques.