Wilderness › (K)no(w)here

Ce qui distingue ce troisième album de Wilderness de ses productions antérieures se résume en un seul mot : conceptualisation. Le mot est lâché. Un mot qui généralement effraie car on ne sait trop jamais quel coup fumant peut se cacher derrière de telles prétentions. Rien d’insurmontable en ce qui concerne "(K)no(w)here", si ce n’est que le groupe de Baltimore a décidé de décliner sa nouvelle réalisation sous forme de huit titres enchaînés sans temps morts. Autrement dit quarante minutes et des poussières de distos distantes ininterrompues et tonitruantes qui imbriquent, comme à son habitude, pléthore d’influences diverses héritées de la scène post punk, de Pelt à Die Kreuzen pour le son, de Drive Like Jehu à Jane’s Addiction pour l’attitude, en passant par P.I.L. et Devo pour les références, et dans une moindre mesure Battles, le chant (ou devrais-je dire la scansion ?) de James Johnson étant très similaire à celui que l’on pouvait entendre sur "Rainbow". Des groupes qui, s’ils ne possèdent pas tous une approche minimaliste, ont au moins en commun cette faculté devenue si rare aujourd’hui : celle d’être de formidables compteurs d’histoires. Bon, d’un autre côté, il ne faut pas se leurrer ; Wilderness n’a pas non plus réinventé la peinture à l’huile. Mais au beau milieu de cette surabondance de publications formatées et d’enregistrements automatiques sans saveurs, déclinaisons impersonnelles du vide, cela réconforte quelque peu de tomber de temps à autre sur une production qui a enfin quelque chose à dire. "(K)no(w)here" est un album qui ne se laisse pas apprivoiser facilement. C’est souvent le signe des disques qui tiennent sur la longueur.