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Keiji Haino › Black Blues (violent version)

6 titres - 53:31 min

  • 1/ Black petal
  • 2/ Black eyes
  • 3/ Town in black fog
  • 4/ I don’t want to know
  • 5/ Drifting
  • 6/ See that my grave is kept clean

informations

Non renseigné

Deux albums de Keiji Haino titrés « Black Blues » (sans nulle autre mention) sont sortis le même jour sur le label DSA (Les Disques du Soleil et de l’Acier). Ils proposent les mêmes titres, dans le même ordre, dans des versions quasi-acoustiques pour l’un, amplifiées et hurlées pour l’autre. Le numéro d’édition (visible sur la tranche) et le sens d’impression de la photo sur la pochette sont les seuls signes extérieurs qui différencient les deux disques. Il est ici question de la face «violente» du diptyque.

line up

Keiji Haino (voix, guitare)

chronique

  • fantômes à yotsuya

Les voilà, les version arrachées ! Ça n’est rien de le dire. S‘emparant des mêmes thèmes -vieux blues américains et chansons Enka d’avant-guerre mêlés sans aucun étiquetage- que sur l’autre volume des Black Blues, Haino en donne ici des interprétations hurlées, douloureuses, scandées par des accords obsessionnels et métalliques. Ce vieux Keiji dans son immuable élément, alors ? Eh bien non, encore une fois non. Une différence de taille met ce disque à part dans l’œuvre de l’Homme aux Noirs Mystères : sa production. Ou plutôt sa quasi-absence de production. Rarement la voix et la guitare, dans cette abondante discographie, n’auront sonné si brutes, si sèches. L’instrument est certes amplifié mais sans nul autre effet qu’une occasionnelle reverb. Et quand la voix est pareillement enveloppée c’est, comme sur l’autre disque du diptyque, pour lui donner une profondeur de sépulcre et non pour la mettre en abyme, la faire tournoyer en interminables résonances. Ce traitement direct, ‘live’, loin d’affaiblir la performance, en souligne le côté inhumain, extrême, impossible. L’autre Black Blues est une longue procession d’infinie tristesse, un fatal acquiescement, la présence en nos vies de ceux qui ont passé. Celui-ci n’est que lutte et refus, soubresauts devant l’inéluctable. L'existence qui se refuse à finir, quitte à tordre le corps et à écraser l’âme (ou quelque soit le nom qu’on veuille lui donner) . Cette voix vient des tréfonds : du ventre et des poumons ; elle arrache en passant larynx et cordes vocales ; elle nous agresse sans ménagement, assénant sans répit les mêmes deux invariables messages, qu’on finit par ne plus pouvoir distinguer ; "Non ! Non ! Pas moi !" ; "Vous aussi ! Vous aussi ! Bientôt...»… Le pire est que cette violence n’aplatit en rien les nuances, l’ornement, l’art du funeste conteur. Chaque chanson (car c’est bien de cela, au départ, qu’il s’agit) éclaire différemment cette terreur terminale. Le volume, la saturation, subtilement varient. Un brusque retour au son quasi-acoustique de l’autre disque vient cruellement mettre en relief l’éraillement, l’étranglement de la voix… La vitesse, aussi, change. La vitesse de la peur et celle du désespoir. À vrai dire, face au côté étale de son pendant apaisé, ce disque présente d’épuisants contrastes, et une allure de constante "montée" plus évidente qui culmine en cet enfer de cris humains et électriques qu’est Drifting. Puis vient le véritable achèvement, la stase et l’étouffement. Ici aussi, le point final est une procession, une marche au tombeau, une mise en garde. Mais l’Agonisant, cette fois, renâcle et s’écorche aux rugosités du cercueil. Un objet semble inséré entre les cordes de la guitare, rythmant les spasmes du mourrant de ses vibrations qu’on pourrait compter. Le dernier souffle est un sifflement, un larsen. See that my grave is kept clean… Mais celui-là n’y croit pas : il meurt furieux et malheureux. Combien de temps encore viendra-t-il nous hanter ?

note       Publiée le lundi 1 septembre 2008

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    Rastignac Envoyez un message privé àRastignac
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    Un Heino qui hurle c'est comme un Haino qui sourit. J'ai ensuite écouté la version douce, qui m'a paru plus oppressante. Là, les cris de la version dure m'ont tapé sur le système à force.

    Dioneo Envoyez un message privé àDioneo
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    Mmm... Je ne jurerais pas que je le trouve moins flippant, en fait (visuellement, toujours).

    Note donnée au disque :       
    nicola Envoyez un message privé ànicola

    Et Heino est le fantôme gentil ?

    Rastignac Envoyez un message privé àRastignac
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    Je découvre là. Oui, histoires d'avidité et de frustration et de souffrance dans l'air et de beaucoup de rumination... "Haino, le fantôme pas gentil"

    Wotzenknecht Envoyez un message privé àWotzenknecht
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    Ci-après un interview très instructif qui répond à plus d'une de vos interrogations : http://www.halana.com/haino.html