Thomas Fehlmann › Honigpumpe

"Honingpumpe" s'ouvre sur l'inquiétant "Strahlensatz" et son parfum glacé digne des plus rudes jours d'hiver. Les vagues de sons qui viennent s'échouer sur les rebords de notre esprit à la dérive rallument le souvenir d'échos lointains que l'on ne croyait plus jamais pouvoir entendre. Le "Evening Star" de Eno & Fripp apparaît ainsi au milieu de ce désert numérique comme un phare autour duquel le monde entier s'agite. L'aspect ambient au sens strict du terme, le suisse Thomas Fehlmann ne l'abandonnera jamais vraiment sur ce disque aux allures au tapis sonore délicat. Le contraire eut été étonnant pour ce membre permanent de The Orb depuis 1995 et le fabuleux "Orbus Terrarum". Le paysage se sévoile peu à peu, "Soziale Wärme", "Atlas", puis "Schaum" nous révèlent un travail tout en contraste qui ne laissent planer aucun doute sur l'influence des écoles allemande (Tangerine Dream) et autrichienne (Kruder & Dorfmeister). Posés, énigmatiques, les titres préfèrent se laisser glisser dans notre subconscient plutôt que de révéler d'emblée leur secret. "Little Big Horn" entame la transition vers la seconde partie d'album, un peu plus relevée, soutenue très souvent par un beat aux mille et unes forme (house, techno, chill out, downtempo). Parlons de "T.R.N.T.T.F." qui, à lui, seul parvient à résumer tout ce que Fehlmann s'est donné pour but d'accomplir sur cette nouvelle production : sur une base bluesy que l'on devine à peine, le titre se déploie sur un tempo mesuré au gré des émulations sonores qui pas un instant ne laissent transparaître sa source, à savoir un harmonica complètement transfiguré. L'émulation entre analogique et numérique est totale au point d'en devenir imperceptible. Et suivant le rythme naturel, "Honigpumpe" se conclut sur une note ouverte, "With Oil", nous laissant dubitatif quant à la part de rêve ou de réalité prodigué par l'horloger suisse de l'electronica.