Tunng › Good arrows

Depuis une dizaine d’années, on assiste à un retour en popularité des musiques folk assez réjouissant, partant du blues blanc cassé (dans tous les sens du terme) de Palace Brothers pour en arriver à tous les oiseaux exotiques hype de ces derniers temps… Qu’on ne s’y trompe pas, malgré le buzz décidément collant, "Good Arrows" est avant tout une petite révélation, celle de songwriters délicats, orfèvres d’un folk mélodique qui n’a rien de spécialement anglais. On croit presque rêver lorsqu’au beau milieu de cet album folky bubulle peinard déboule un instrumental cinématographique qui mute en Tool lo-fi, avec mini pics d’intensité et étirement sonores inclus ! L’inspiration ne tarit pas tout au long des 11 titres, même, si à part ce "Soup" détonnant et quelques mélopées particulièrement bien troussées, rien ne vient surprendre notre écoute. Pourtant, la musique de Tunng fourmille de petits détails, d’instruments-jouets, de tintements, de crépitements, voire de guitares slide sur ce "Bricks"… Mais tous se font oublier. Pour le meilleur ? C’est clairement la voix qui est mise en avant en tout cas… et le songwriting de Sam Genders, principal auteur de ces onze ballades tranquilles. Il y a ici de quoi charmer tout le monde très facilement, y compris ceux comme moi qui avaient été agacés par le trop évident single "Bullets", poussé par une hype assez inexplicable. "Secrets", débuté a cappella, tinte de toutes part comme un crystal finement ciselé, et il se dégage d’étranges émotions de cette sorte de poésie déclamée de manière étrange et lancinante. Toute la fin du disque se trouve ainsi baignée de cette clarté tamisée qui sent bon la sève de pin : l’élégiaque et nocturne "String", comme susurré par des fées autour d’un feu de camp éteint. Un bon disque a écouter lors d’une nuit d’été, accompagné par le chant des crickets.