Chrome Hoof › Pre-Emptive False Rapture

Je suis certain que beaucoup d'entre vous n'auront pas besoin de l'apprendre de ma plume, mais pour susciter un semblant d'intérêt sur cet objet ouvertement kitsch, il me paraît essentiel de vous rafraîchir quelque peu la mémoire : Leo Smee, instigateur du présent projet, n'est autre que le bassiste du Cathedral britton depuis 1994. Avec son frère Milo, ils viennent de mettre sur pied Chrome Hoof, large formation qui, à défaut de séduire, en intriguera plus d'un. Un carrefour d'influences vastes dont je me dois de vous parler et qui prend toute sa dimension sur scène. Évoluant à douze (ce compris deux charmantes danseuses), emberlificotés dans des accoutrements en aluminium, le groupe joue à fond la carte du décalé. La référence extra-terrestre est omni-présente et, à travers elle, tous les groupes qui eux aussi s'y sont collés. Je parle de Parliament. Je parle de Magma. Je parle de Sun Ra. Musicalement, cela se veut aussi bigarré, cela peut-être aussi martial, cela est souvent tout aussi halluciné. Dominé par le duo de chanteuses, Lola Olafisoye et Nuwella Love, possibles soeurs siamoises de la charismatique Skin des Skunk Anansie, la musique de Chrome Hoof surligne grossièrement les traits les plus poussifs d'un rock progressif déjanté qui aujourd'hui a la cote, grâce entre autres aux Mars Volta qui poussent cette logique à l'extrême. Il ne s'agit pas seulement de la longueur des morceaux ("Moss Covered Obelisk", "Spokes of Uridium") mais aussi de leur construction tarabiscotée à l'excès. Le côté métal n'a pas été oublié, bien sûr, mais devant tant d'extravagance, cet aspect est en quelque sorte relégué au second plan. Phénomène de foire ou effet de mode, dans tous les cas, Chrome Hoof ne peut laisser indifférent. Cela étant, dans le marasme musical actuel où règne en maître le consensus mou, ce genre d'initiative allumée ne peut que rencontrer mon approbation. Chrome Hoof représente à mes yeux la dernière grosse sensation du moment. Balaise.