Artcane › Odyssée

Sur Guts of Darkness, on a beaucoup parlé de rock progressif. Et on a très justement mis en valeur certaines formations italiennes cultissimes. Mais qu’en est-il de nos chers compatriotes ? La France n’était pas en reste pendant les années soixante-dix. Peu nombreux sont les groupes à avoir pu construire une carrière sur le long terme. Ceux qui y sont parvenus (Ange, Art Zoyd, Magma) ont créé une niche qui leur est propre au point d’occulter toute autre initiative moins ambitieuse. C’est pourtant dans le sillage de ces groupes, motivé par le succès relatif qu’ils rencontrèrent alors, que d’autres groupes ont voulu tenter leur chance à leur tour. Artcane est le prototype même de ce genre de groupe : projet éclair et unique surgissant dans la seconde moitié des années soixante-dix, Artcane est une bien étrange créature au carrefour d’influences diverses dont la somme des extrêmes est sensée forger l’unique personnalité. Pari osé puisque rien ne garantit la réussite de pareille entreprise. Difficile aussi quand les références auxquelles on s'accroche restent toujours aussi explicites. On retrouvera ainsi pêle-mêle dans leur dialectique musicale des accents empruntés à Tommy Iommi, Robert Fripp, Steve Hillage ou Steve Hackett selon les ambiances prodiguées d’un titre à l’autre ; obscur, hanté, tordu, cérébral, planant ou virevoltant, soutenu quand il le faut par un clavier en apoint. Instrumental de part en part, ‘Odyssée’ ne fait que deux entorses à la règle sur ‘Le Chant d’Orphée’ et ‘Nostalgie’, à la voix effacée... vite oubliée. La production est propre à l’époque et n’est pas sans rappeler justement les réalisations italiennes contemporaines. Pour les défricheurs dans l'âme qui ont déjà roulé leur bosse dans le dédale des pérégrinations progressives, Artcane ne pourra susciter que curiosité. Son album comblera d’aise à ne point en douter les amateurs d’Arachnoid et de Shylock.