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Flower Travellin' Band › Satori

cd • 5 titres • 41:52 min

  • 1Satori Part I5:25
  • 2Satori Part II7:06
  • 3Satori Part III10:44
  • 4Satori Part IV11:01
  • 5Satori Part V7:58

informations

Mixé par Norio Yoshizawa - Produit par Ikuzo Orita , Uya Uchida - Ecrit, arrangé et enregistré en 2 jours par le Flower Travellin' Band

Artwork par Shinobu Ishimaru - à noter que tout l'album a été utilisé par Takashi Miike pour la musique de son film Deadly Outlaw : Rekka, dans lequel Akira Joe Yamanaka et Yuya Uchida ont de petits rôles.

line up

Akira "Joe" Yamanaka (chant, harmonica), Hideki Ishima (guitares), Joji "George" Wada (batterie), Jun Kowzuki (basse, guitare)

chronique

  • hard psyché/blues rock heavy > satori

La première fois que j’ai penché mes oreilles sur le Flower Travellin Band, et plus particulièrement sur Satori, j’ai ricané. Comme beaucoup de monde, j’imagine. Le chant en anglais, le côté over-the-top, la témérité palpable du groupe qui semblait viser très haut, tout froissait mes sens, qui étaient en fait endormis… « Satori » les aura réveillés. S’il n’avait pas été japonais, le quatuor n’aurait sans doute pas joué une telle musique. Mais s’il avait été expatrié en Angleterre, par exemple, gageons qu’ils seraient aujourd’hui aussi révérés que le Pink Floyd ou le Zep. Et je pèse mes mots. Mais avant de verser dans un sensationnalisme éhonté, ou plutôt, après l’avoir suffisamment fait pour attirer votre attention, en dépit de la date et de la longueur de la chro, situons un peu l’objet. Deuxième véritable album du groupe, troisième si l’on compte leur sublime album avec Kuni Kawachi, Satori est une sorte de Pearl Harbor dans le monde du hard rock encore bourgeonnant de 1971. Une réponse par disques interposés à la créativité débridée des groupes anglais et américains que tout le monde cherchait à cloner au Japon, une comète miraculeuse et inattendue, tellement inattendue d’ailleurs que peu de monde en aura parlé en occident à l’époque. Il aura fallu attendre que tout un genre musical – le Stoner, pour ne pas le nommer – se réclame du Flower Travellin’ Band (et de Satori, en particulier), pour qu’on commence à s’y intéresser. C’est que l’attrait des nippons pour les guitares excessivement lourdes ne date pas de Boris… De tout temps, et cela ne surprendra personne ici, les japonais ont essayé de faire plus fort que les occidentaux, d’aller plus loin, de pousser à l’extrême leur musique. Ainsi, dès les premières secondes de l’album, c’est comme si le son se montait tout seul. Un cri digne de Tom Araya sort de nulle-part, suivi du fracas métallique des grattes (j’ai envie de dire gratte-ciels, vous allez comprendre pourquoi…), déboulant en mode Blue Öyster Cult, incroyablement heavy et assourdissantes pour l’époque. La voix sonne la charge, et derrière, c’est une armée, un déluge, une avalanche (allez crier « waaaaaaaaaaaaaah » au pied du mont blanc, vous allez voir ce que je veux dire) ! Ce premier titre est déjà une claque énorme, charriant dans son sillage des images invraisemblables ; hauteur, montagne, neige, puis vent, tempête, contre laquelle un chaman en peau de bête semble crier, fendant les éléments déchaînés, ou peut-être qu’il ne fait qu’un avec ces éléments. « Part 2 » plante un décor beaucoup plus nuancé, où la voix répond au carillon des guitares dans un dialogue qui serait digne de trôner dans les grands moments du rock 70’s, tout simplement. Le mot qui vient à l’esprit est « majestueux ». La ferveur qui habite la voix de Yamanaka n’est pas sexuelle, comme peut l’être celle de Plant dans Whole lotta love, mais mystique. La tension n’est pas la même… Ici, on se consume sereinement. C’est comme si le Mont Fuji entrait en éruption, et que personne ne paniquait. Tout au long du disque, Akira « Joe » Yamanaka ne tombera jamais dans la démonstration à gosier ouvert. Alors que les têtes volent comme dans un bon vieux chambara sous les assauts irrésolus des guitares, que la section rythmique pilonne les oreilles avec une rigueur toute nipponne, la voix de Yamanaka ne semble être de sortie qu’avec parcimonie, pour les moments de climax, remplaçant le sacro-saint solo pour le titre d’ « éjaculation du morceau ». Un peu comme le katana du samouraï : il ne sort que quelques secondes de son fourreau, en dernier recours, mais quand c’est le cas, c’est comme la foudre qui frappe… Satori Part 3, par exemple, est exempt de la présence du chanteur. Seul subsiste un paysage désertique, pivot du disque qui s’élance à ce moment dans l’inconnu, on pense à Amon Düül II, voire à Ash Ra Tempel quand survient ce solo interminable, confirmant que l’orientation orientale du groupe n’est pas un hasard. Les intros des morceaux, également, sont mémorables : celle de la Part 4 voit tout simplement débouler la même guitare infestée de Treble que « Touch Me I’m Sick » de Mudhoney ! Et tout le morceau sera occupé par ces chuggas-chuggas, qui ratiboisent en sourdine, pendant que Joe Yamanaka, plus épique que jamais, tel le fou sur sa colline hurlant au loup, donne des ordres aux étoiles dans une langue ancestrale (on sait tous que c’est de l’anglais avec un accent Japonais, mais quand même). Et soudain, juste avant la 4eme minute , la chanson bascule dans l’inconnu avec une fluidité et un feeling d’un autre monde, et décolle sur un solo d’harmonica bluesy à en crever, longtemps, longtemps, avant de s’écraser à nouveau sur les terres abruptes du début, cette fois bien connues, et la transition est tout aussi jouissive, même si l’on sait ce qui nous attend. De la magie, voilà ce qu’ils font. La 5ème et dernière partie touche au mystique, et résume bien le disque : liberté instrumentale, répétition chamanique des motifs, chant traité comme un instrument soliste, fusion absolument parfaite entre power chords/dynamique rock et les sonorités japonaises (illustrée par la fresque de la pochette, dépeignant un folklore occidental – incluant la chenille d’Alice – à l’intérieur d’un bouddha !) mais surtout ; ces visions de château médiéval de l’ère Edo perché dans la brume, austère, élégiaque, et duquel semble provenir un appel hors du temps, une clameur invincible. Vous trouvez que j’en fais trop ? Ce disque aussi, sauf que pour lui, on en redemande, inexplicablement, car Satori est une chevauchée dont on ressort différent, hébété… et heureux. Que vous soyez malade, dépressif ou abonné à l’UMP, ce disque vous mettra invariablement d’humeur guerrière, vous donnera envie d’accompagner les vocalises divines de Yamanaka en prenant l’accent Japonais, le poing levé. Oh, bien sûr, les gens se moqueront de vous… Comme je me suis moqué du groupe aux premières écoutes… A nouveau réédité le mois dernier sur Phoenix, ce chef d’œuvre est désormais accessible au même titre que les monstres sacrés du Hard rock, face auxquels il n’a pas à rougir… Ce serait même plutôt eux qui devraient trembler, si vous voulez mon avis.

note       Publiée le dimanche 1 juin 2008

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Note moyenne        21 votes

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Sirius Envoyez un message privé àSirius

Grosse déception cet album, sauvé du naufrage par quelques passages sympas et un chanteur qui singe efficacement Ozzy. Mais les soli de guitare suraigus bien crispants et qui ne vont nulle part (la fin de la piste 2 est interminable, on dirait qu'il cherche quelle direction donner à son solo en répétant la même tournerie), les riffs poussifs (l'intro de la 1 !) et la durée injustifiée des morceaux en font un album éreintant, et pas pour les bonnes raisons.

DesignToKill Envoyez un message privé àDesignToKill

Chef-d’œuvre sans hésitation. Je l'ai paradoxalement trouvé dur d'accès au début... mais quand on commence à le comprendre raaaaaaaaaaaah

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brighter_paëlla_now Envoyez un message privé àbrighter_paëlla_now

ooooAAAAoooAAoAoOOOOOOOOO - terrible. Ce disque restera éternellement pour moi celui que je me suis passé en boucle dans la file d'attente de plusieurs kilomètres devant St Pancras de Noël 2010. Donc RIP.

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dariev stands Envoyez un message privé àdariev stands
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si ça peut en rassurer, j'ai moi même pouffé de rire à la première écoute, en me disant que Cope avait encore trop pris de champis, que j'arriverai jamais à écouter ça au 1er degré, etc etc... mais en même temps si je me remémore bien, quand j'avais 15 ans je me rappelle avoir pensé de Robert Plant "bordel, quelle voix de tantouze".

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Scissor Man Envoyez un message privé àScissor Man

Excellent disque en effet même s'il m'a fallu du temps avec la voix. Un peu le problème de la "culture hardos" qui veut que les chanteurs donnent l'impression qu'on leur à écrasé les doigts de pied, me poussant parfois à céder à l'hilarité. J'ai pas ce problème avec Bon Scott et Ozzy. Grand respect pour cette pointure…