Moonbooter › Lunatic Voyage

Lunatic Voyage est la dernière fantaisie spatiale de Bernd Scholl. Une puissante virée cosmique qui défile tel un gigantesque maelström sonore sur des rythmes constamment ralentis par des synthés aux arrangements d’une opacité effervescente et harmonieuse. Un opus de 74 minutes, divisé en 13 actes musicaux aussi fougueux que mélodieux sur des rythmes bien plus séduisant qu’assommant. Du techno intelligent avec un petit zest de Berlin School nouveau genre. Attachez vos tuques car avec Moonbooter ça brasse toujours.
Against Agitation veut tout dire. De courtes stries hurlantes se perdent dans des ondes mouvantes et des chœurs sombres aux errances moulantes. Une musique lourde et pesante qui tourne lentement dans une turbulence cosmique lunatique. Comme partout sur ce 5ième opus de Bernd Scholl, du rythme bouillonnant trappé dans un cyclone cosmique. Moonbooter en met plein les oreilles avec des arpèges qui fourmillent en staccato dans un statisme sonore pesant où accords de guitares entrecroisent de lourdes pulsations et des strates flûtées dans une opposition harmonieuse tout à fait délicieuse. Du techno sur le bord d’exploser. Mais il n’y a pas d’explosion. Against Agitation (Origin) tourne sur lui-même avant de se fondre à sa 2ième partie (Revelation) qui explose le rythme retenu de Origin, avec toute cette fomentation sonore qui y régnait, sur une séquence fiévreuse et débridée qui danse sur un clavier mélodieux aux arpèges circulaires tel que Moonbooter nous a habitué au fil de ses œuvres.
Et ainsi se déroulera Lunatic Voyage. Des rythmes capricieux, animés par des séquences fougueuses et syncopées (Selene On The Dark Side Of The Moon, Intermezzo, Infect Me et Somewhere Between Moon And Earth) qui sont excités par de brillantes percussions aux effets sonores délirants (Intermezzo, Lunar Eclipse et Sequenzer 9). Du rythme lourd enveloppé de synthés aux strates onctueuses, mélodieuses, valsantes et parfois hypnotique (Lunar Eclipse), saupoudré des chœurs et de mellotrons flûtés, rappelant certaines époques de TD (Between The Sentiments et Reflected Glory). Des cadences langoureusement chaotiques prisonnières du statique de la turbulence des sphères cosmiques.
Au travers ce rythme ambigu, il y a place à de superbes mélodies cosmiques comme Senseless Visions, le superbe et lourd Between The Sentiments (de loin la plus belle pièce de Moonbooter) et Awaken By Moonrise, qui sont teintées d’une belle nostalgie, démontrant la solitude de ce voyage aux évolutions lunatiques.
Lunatic Voyage est une fresque musicale où le rythme reste ambigu. Un opus qui est le reflet d’une œuvre finement travaillée possédant un charisme sonore comme on en entend rarement. Pour moi il s’agit sûrement du meilleur opus de Bern Scholl. Un album puissant. Une histoire musicale en 13 titres mélodieux, animés d’une complexité rythmique qui sort de l’ordinaire.