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The Pretty Things › SF Sorrow

13 titres - 40:59 min

  • 01/ S. F. Sorrow Is Born (3:08)
  • 02/ Bracelets (3:37)
  • 03/ She Says Good Morning (3:20)
  • 04/ Private Sorrow (7:34)
  • --05/ Balloon Burning
  • 06/ Death (3:07)
  • 07/ Baron Saturday (3:57)
  • 08/ The Journey (8:26)
  • --09/ I See You
  • --10/ Well Of Destiny
  • 11/ Trust (2:46)
  • 12/ Old Man Going (3:05)
  • 13/ Loneliest Person (1:26)

informations

Produit par Norman "Hurricane" Smith - Abbey Road Studios, 1967 - Ingé-son : Peter Mew - Masterisé par Andy Pearce et Mark St. John

line up

Phil May (chant, histoire), Dick Taylor (guitare lead, chant) , John Povey (orgue, sitar, percussions, chant) , Wally Allen -aka Waller- (basse, guitare, chant, instruments à voix, piano) , Skip Alan (batterie) , Twink (batterie)

chronique

  • space rock / psychedelique / rock-opera

Bon, la place va manquer, c'est sur. Commençons par les présentations : "SF Sorrow", non, n'est pas le premier rock-opera de l'histoire. C'est un groupe nommé Nirvana (sic) qui l'enregistra un an plus tôt. Par contre, cet album est l’un des objets les plus extraordinaires qui me soit jamais tombé entre les mains. Violent, barge, ambitieux, c'est une sorte de chaînon manquant vaguement culte pour les amateurs, mais c'est surtout une terrible leçon donnée aux Beatles. En effet, le groupe est tout simplement entré à Abbey Road peu après que Pink Floyd en soit sorti avec "Piper at the gates" sous le bras. Il prend donc sa place dans le même studio jouxtant celui ou les Fab four sont en villégiature permanente, avec le même producteur – Norman Smith, génial ingé-son des Fab 4 depuis Rubber Soul et 6ème membre du groupe sur ce disque - et ce pendant un an (l'effet Sgt Pepper, dont le Floyd a lui aussi bénéficié). Un an à taxer tout les instruments des Beatles, à s'éclater sur le sitar de Harrison, puisque ceux-ci délaissaient le psychédélisme pour enregistrer le White album. C'est la seule fois ou les Pretty things auront l'occasion de s'exprimer pleinement, eux dont la fortune (et leur attitude de Stranglers 60’s) a fait des seconds couteaux. Le résultat ne se fait pas attendre (ou plutôt si : des mois de studio, et une sortie différée) : SF Sorrow, double album concentré en un seul, recèle trouvaille sur trouvaille, empile mélodies ultimes sur arrangements inouïs, et autant l'avouer, si on pouvait mettre 7/6, je l'aurai fait pour ce disque ! Pas une seule seconde qui ne soit pas orgasmique, c'est clair non ? Ce truc est truffé d’effets steréo terrifiants, et bigre, je suis incapable de trouver un album qui lui soit supérieur. Ca commence très fort avec SF Sorrow is born, un carnage, une supernova psyché à écouter à fond, pour mieux se prendre les breaks acides en pleine poire avant de rebondir sur la basse caoutchouteuse. Bracelet of Fingers est censé parler de l'enfance insouciante du héros, mais en réalité les métaphores végétales évoquent la masturbation... Un genre de « Pictures of Lily » pour grands malades. La puberté, racontée par She says good morning, voit Sorrow tomber amoureux de la "girl next door", pour un court instantané extatique, où les harmonies vocales percent les enceintes comme des échardes. Private Sorrow est l'illustration sonore de la guerre. Sorrow est appelé au combat, et les soldats se suivent en file indienne, comme de bons petits lemmings suivant un joueur de flute de Hamelin invisible qui ouvre la marche. On fait un saut dans le temps et l'espace pour atterrir à New York, là ou la fin de la guerre a déposé Sorrow, peu avant que sa petite amie ne le rejoigne en Zeppelin... Balloon Burning est d'abord le son des rues de la grosse pomme : crade, rapide, percutant... On imagine le pauvre Sorrow courant désemparé parmi le traffic, et soudain le refrain nous ramène à la réalité : le Zeppelin est en feu ! Oui, comme sur la pochette du premier Zep, c'est même une allusion à cet évènement tragique de 1938 (la catastrophe de Hindenburg). Sauf que là, c'est surtout le désarroi de Sorrow qui contemple la mort atroce et spectaculaire de son amie, impuissant. Le solo de guitare velvetien est grisant. La suite est logique : Death raconte l'enterrement, la procession funèbre et la "lente pulsation des sanglots". Sitars, basse grise et imposante comme une pierre tombale, voix étouffée, la mort a rarement été évoquée avec tant de cruauté et d'acuité. De toute évidence les Pretty Things sont plus doués pour parler de destruction et de folie que de choses joyeuses. Et la face B enfoncera le clou. Dites bonjour au monsieur en chapeau haut de forme... Baron Saturday marque la rencontre de Sorrow avec un personnage Burtonien à la voix sardonique, et son passage de l'autre coté, en même temps que le notre. En effet, dans la vie de Sorrow comme dans la tienne, cher auditeur, il y a un avant et un après Baron Saturday. Imaginez, pour voir, le Lennon de I am the walrus avec 50 ans de plus, sur une rythmique baroque, se prendre pour Mike Patton avant de rajeunir en 3 secondes chrono pendant le refrain, tour de passe-passe sonore ahurissant. Et cet espèce de solo de guitare vers la fin qui surgit comme un pic à glace... Personne n'en sort indemne. On écoute désormais la suite de l'album la bouche grande ouverte, un rictus d’effroi sur le visage, un filet de bave s'écoulant de nos lèvres. The Journey est une chute libre vers la démence qui se prolonge sur I See You et se termine sur un sacré os : une voix d'outre tombe, atrocement déformée, vient nous pourrir les tympans et mettre fin au trip de la plus abominable façon, alors qu'on commençait à peine à prendre Phil May pour Syd Barrett. On a touché le fond du "puits de la destinée", la chute libre est finie. Un passage complètement loufoque digne de la musique concrète plus tard, Sorrow est revenu à la surface, mais dans un état proche de la dépression... Trust est encore un tube de plus, assez enjoué cependant comparé aux paroles. Mais Old Man Going, par contre, c'est du Space Rock avant l'heure ! Le son sature sous les effets, la guitare pleure des larmes acides, le tout pour conter des dernières pensées haineuses d'un vieux blasé sur le point de mourir (notre héros, oui oui)... Loneliest person in the world vient conclure ce bal des horreurs sur une certitude implacable : si "Tommy" sera l'œuvre d'un rêveur fragile, enclin à faire quelques concessions, SF Sorrow ne laisse aucune échappatoire à la réalité (le groupe n’a même pas eu le cœur de reproduire les paroles dans la pochette, tellement ce morceau fait pleurer). L'envol lysergique se termine dans le dépouillement et le désespoir d'un vieillard seul. Le constat est rude : après l'amour, la mort et l'expérience psychédélique, Sorrow en sait encore moins sur la vie qu'au départ, toutes ses certitudes sont tombées. La seule chose dont il est sur c'est qu'il est seul au monde, et plus que jamais démuni devant son destin. A faire écouter à ceux qui trouvent la vie de Syd Barrett romantique. "Dream is over" chantera l'autre 4 ans après. Il est déjà fini dans la tête des Pretty Things. Ils ont brulé toutes les étapes, sont allés trop loin trop vite, et leur message est pas jojo. Les Who auront beau faire quasiment aussi fort, galvanisés par la sortie de cet album, la prochaine étape s'appelle "In the court of the crimson king". Les Pretty Things, eux, ne se remettront jamais d'avoir pondu un tel chef d'œuvre...

note       Publiée le mercredi 30 avril 2008

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Procrastin Envoyez un message privé àProcrastin

Passé le cap des odeurs de patchouli, c'est assez franchement génial. edit: et donc je viens de capter pourquoi Balloon Burning me fascine tout particulièrement, on dirait du pré Charles Hayward dans l'ambiance.

Message édité le 10-01-2023 à 09:59 par Procrastin

Cinabre Envoyez un message privé àCinabre
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Ballon Burning on dirait de la no wave avec son lead chelou répété ad nauseam.

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Reflection Envoyez un message privé àReflection

Disque mythique et tellement parfait... je m'incline. Par contre, ne pas oublier leur suivant "Parachute", qui comporte de vrais pépites très surprenantes pour l'époque, il serait dommage de s’arrêter en si bon chemin !

Je ne me lasserai jamais de ces deux disques...

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Jean Pierre Moko Envoyez un message privé àJean Pierre Moko

LA BASE

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ericbaisons Envoyez un message privé àericbaisons

Pute, ces choeurs! Je vois pas non plus le lien avec les riffs répétitifs d'Hawkwind, on se situe bien avant, entre le génie melodique façon Magical Mystery Tour et le concept album à fil tendu de Tommy (pas encore sorti apparement...chapeau)

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