Pete Farn › MC Square

Comment décrire une musique invisible, abstraite sans tomber dans le snobisme? Car parler d’une forme musicale d’anti-musique c’est comme parler de l’écriture braille sans pouvoir la lire. C’est la réflexion qu’amène l’écoute de cet opus aussi sombre et énigmatique que sa pochette. Pete Farn est un ingénieur de son Allemand qui improvise de la MÉ purement expérimentale du même terroir vieux Tangerine Dream sur Electronic Meditation et la musique psy prog rock de la même époque. Une musique froide, métallique et très abstraite qui demande une bonne dose de curiosité auditive. Et ça rapporte…
Space Opera débute avec un synthé statique aux prismes mélodieux qui s’égarent dans des brumes métalliques aux errances stratifiées, tantôt placidement froides, tantôt étrangement attirantes. Je dirais plus un ballet qu’un opéra, tant la mouvance est lente et laborieuse. Du métal que l’on tord et dont sort toutes ses striures auditives autant souffrantes que curieusement mélodieuse, formant de courts moments de flottaison métallique. Du son, du liquide en fusion et des effets sonores qui, si on porte vraiment une attention, nous rappelle effectivement la naissance de Tangerine Dream sur Electronic Meditation.
Metaswamp est plus hialeutique avec des souffles spectraux et ses étranges cris de canards qui roulent sur des billes aux frottements gutturaux. Une étrange et fascinante faune sonore, comme sur Confused Species et ses bizarreries qui dévient sur une étrange mélodie aux orchestrations fluides et harmonieuses. Un titre hallucinant où l’on se croirait courir dans un corridor sombre pour échapper à une bête métallique. À ce niveau Creepers est plus réussi avec ses spectres métalliques flottant qui courent sur les cordes métalliques d’un violoncelle acide. Des titres d’un réalisme concordant avec la vision de l’auteur. Après un Valley of Cages aussi engloutissant que Space Opera, Layers apporte une touche fantomatique avec de beaux mellotrons sombres, denses et doux aux chœurs et arrangements étrangement envoûtants sur des percussions hors contexte.
McSquare est un opus aux étranges fusions métalliques qui rejoignent la curiosité et l’habilité créative de son concepteur. Ce n’est certes pas le genre de musique que l’on aime pour son approche mélodieuse, mais que l’on peut apprécier pour son étrange évolution atmosphérique et sonore.