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The The › Infected

cd • 8 titres • 40:58 min

  • 1Infected
  • 2Out Of The Blue (Into The Fire)
  • 3Heartland
  • 4Angels Of Deception
  • 5Sweet Bird Of Truth
  • 6Slow Train To Dawn
  • 7Twilight Of A Champion
  • 8The Mercy Beat

informations

Les dessins des pochettes de The The, aussi anti-vendeurs que singuliers, sont de Andy Jonhson, le frère de Matt.

line up

Matt Johnson (UK) (chant, guitare, claviers, percussions...)

Musiciens additionnels : Guy Barker (trompette), Neneh Cherry (chant), Dave Clayton (synth basse), Jeff Clyne (basse acoustique), Dave Defries (trompette), Luis Jardim (percussion), Bashiri Johnson (percussion), Warne Livesey (basse sur 3, chœurs, orgue, production), Zeke Manyika (chœurs), Bob Mintzer (saxophone), Roli Mosimann (percussion), Tessa Niles (chœurs), Steve Aitken (trombone), Astarti String Orchestra (sections de cordes), Pete Beachill (trombone), Andy Blake (bariton), Dan Brown (basse), Steve Brown (basse), The Croquets (choeurs), The Deaf Section (section de cuivres), Anna Domino (choeurs), Philip Eastop (cor), John Edcott (trompette), Steve Hogarth (piano), Judd Lander (harmonica), David Palmer (batterie), Ashley Slater (trombone), Jamie Talbot (saxophone), John Thirkell (trompette)

chronique

À l’issue de Soul Mining, montrant déjà un The The adulte et complexe, Matt Johnson fut pris d’une ambition plus grande : augmenter l’impact de sa pop, chargée d'une section de cuivres et de cordes et d'une armada de zicos dantesque, et dans le même temps sortir son ‘album social’, celui d’un artiste anglais dont le regard semble à présent tourné vers les Etats-Unis. Infected est un disque musicalement joyeux, avec comme toile de fond des choses beaucoup plus sérieuses : la noirceur des années Thatcher et Reagan, dont Johnson dresse un tableau subtil mais cruel dans ses paroles. Plus pontifiant et halluciné que jamais, le chanteur se pose sur cet album en digne successeur de Ray Davies pour ce qui est de dépeindre une société de merde en se contentant de produire une pop strictement radiophonique. Production clean et puissante, rythmes dansants et mélodies aguicheuses voire carrément festives : la forme est lumineuse mais le fond est terriblement pessimiste. Religion, sexe, guerre froide, abus de pouvoir, détresse individuelle et sociale, clash occident-Islam, tout cela ne se ressent qu’en lisant entre les lignes. L’artificiel des années 80 se heurte a la vision profondément cynique qu’en a Johnson, et chaque morceau se veut vecteur de cette vision : que ce soit dans les jazzy "Sweet Bird Of Truth" (annonciateur de "Good Morning Beautiful") et "Twilight of A Champion" ou dans "Infected" qui derrière son refrain très Katrina and The Waves fait clairement allusion au sida ("Infect me with your love"), The The manipule une pop mâtinée de soul ("Out Of The Blue"), riche en faux-semblants et diablement efficace. Certains titres se veulent plus mélancoliques, comme le superbe "Slow Train To Dawn" en duo avec Neneh Cherry et d’autres plus introspectifs, comme "Heartland" (qui prépare le terrain aux futures ballades de Dusk). L’écho des sax endiablés et du piano de cabaret, les choeurs féminins, les rythmiques carrées et la voix grandiloquente de l’artiste contribuent tous à la parfaite alchimie de l’œuvre : pleine de morgue et de fougue, elle distille son doux venin à travers le filtre de la dance-pop. Ce troisième album de Matt Johnson est définitivement un album-miroir – du moins à mes yeux - un de ces disques qui se veulent reflet d’années viciées, en l’occurrence ces fameuses eighties où l’on cachait le désespoir derrière un masque naïf mais glacial. En 1986, la new wave commence déjà à pourrir d’elle-même, et cet album semble être l’un des plus vifs témoins lumineux de son intelligence bien trop souvent sous-estimée : car la new wave, c’était avant tout une esthétique et une attitude superficielle en parfait maquillage et contrepoids à tous les vices de cette époque. Le sida, la coke, les golden boys shootés et les putes glamour, ou dans un angle d'attaque plus large la politique et l'abrutissement des masses… tout y passe ici, tout est suggéré ou pointé du doigt par le prêcheur possédé, qui dresse le parfait tableau d’une décennie dont on parle encore comme celle qui fût le temps de la pauvreté musicale incarnée. Y croire, c’est faire preuve de méconnaissance ou de connerie. Si je devais résumer au mieux ce que je pense de cet album, je dirais simplement ceci : Infected, c’est un peu le disque dont Patrick Bateman aurait dû nous parler en premier.

note       Publiée le mercredi 9 avril 2008

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    Note moyenne        3 votes

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    zugal21 Envoyez un message privé àzugal21

    Ce truc arrache bien et concasse bien. J'en profite pour indiquer que les remasters de The The sont assez impeccables

    Note donnée au disque :       
    E. Jumbo Envoyez un message privé àE. Jumbo

    Il a quand même l'air d'avoir moins bien vieilli que Soul Mining, surtout niveau prod...

    Klarinetthor Envoyez un message privé àKlarinetthor

    J'ai craqué sur la base de la pochette magnifique et du nom qui me disais qq chose, pas l'impression de m'etre trop trompé de crèmerie.

    stankey Envoyez un message privé àstankey

    Pareil que Jean Rhume, j'ai eu l'impression que ça tournait un peu en rond...mais à l'époque, j'avoue n'avoir pas creusé plus que ça; les années passant, j'ai finalement revendu ceux que j'avais en CD. Sans regret aucun.

    Jean Rhume Envoyez un message privé àJean Rhume

    C'est vrai que ce groupe n'a pas eu son revival, est très peu cité, presque tombé dans l'oubli (me fait penser aux Woodentops, dans un autre registre). Bon, j'avais acheté cet album, comme presque tout le monde à sa sortie because LE tube "Infected", du coup je suis peut-être un peu passé à côté du reste de l'album. Mais je crois que l'atmosphère générale et sa voix ont fini par me soûler rapidement et j'ai dû revendre la chose. Je zappe actuellement l'album sur YouTube et je crois qu'il ne me manque pas des masses.