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Babes In Toyland › Fontanelle

  • 1992 • Reprise 7599-26998-2 • 1 CD

cd • 15 titres

  • 1Bruise Violet
  • 2Right Now
  • 3Bluebell
  • 4Handsome & Gretel
  • 5Blood
  • 6Magick Flute
  • 7Won't Tell
  • 8Quiet Room
  • 9Spun
  • 10Short Song
  • 11Jungle Train
  • 12Pearl
  • 13Real Eyes
  • 14Mother
  • 15Gone

informations

Pachyderm Studio, Cannon Falls, MN.

line up

Kat Bjelland (chant, guitare), Maureen Herman (basse), Lori Barbero (batterie)

chronique

De tous les groupes de rock menés par des gonzesses, Babes In Toyland – Initiales B.I.T. (pas de E, ça ferait tâche) - fût à n’en point douter l’un des plus sincères, dans le genre cru et direct, et surtout pas dans le genre aguicheuse qui susurre ses provoques post-déchirage d’hymen sur des lignes de guitare trop polies pour être honnêtes. Nan. Les Babes, menées par la déjantée Kat – qui est tout sauf une meuf en kit – savaient envoyer du bois. Une sorte de Hole gutsien. D’ailleurs puisque j’en parle, si vous voulez mon avis, les Babes In Toyland sont le meilleur groupe de la mouvance riot grrrl avec L7, loin devant le Trou de Courtney Love. Oubliez l’ex-cageot de Cobain et son groupe de bas-résilles troués avec la paire de ciseaux maped roses de la ptite collégienne, oubliez les jérémiades mielleuses des filles à papa qui n’existent qu’à travers leur avatar Suicide Girls et leurs thèses sur Virginie Despentes… ici, je vous parle d’une femme cintrée. On peut dire que la miss camping des Babes In Toyland se pose là question beuglante en règle, la catégorie de meuf qui met toutes ces petites allumeuses sophistiquées du minou et mangeuses de Taillefine style Queen Adreena à la ramasse, avec un large sourire fendu entre les jambes. Le genre de donzelle qui donne tout son sens au qualificatif "furieuse pouffiasse" et répond à la question que tout homme normalement constitué se pose une fois dans sa vie : "est-ce que la cyprine est un conducteur d’électricité ?". La réponse est oui. La belle demoiselle valse et éructe comme une damnée, se lâche complètement, vomit ses tripes et part en vrille sans retenue, malgré le fait qu’elle ne soit pas dotée d’une voix très originale à la base : tout est dans les sursauts, les accalmies, la gestuelle farouche et épileptique, la variété de tics : grogne ma belle, éructe ma jolie, crache ma mignonne… oui, comme ça. Une Henry Rollins au féminin ? On en est pas loin. Kat = Voix + Guitare = rage brute. Un putain de déhanché lascif et nerveux qui rime avec crudité : entre les jambes, la menace couve, on le sait, tout comme on sait que personne n’est à l’abri d’une giclée de menstruations en pleine face. Si Babes In Toyland était à mon sens à l’écart des autres riot grrrl, c’est que le côté noise-rock et emocore dominait chez elles contrairement à leur camarades plus punky et cheesy : des riffs très inventifs mais toujours secs, raides et hargneux, dans l’esprit d’un Big Black adouci par les goudous ou d’un Black Flag ragaillardi par les phéromones femelles, et puis surtout ce son très crispé et tendu qui joua beaucoup en leur faveur. De leurs trois albums, celui-ci reste le meilleur même s'il est un peu plus maquillé que les deux autres, le meilleur car sinon le plus rageur, il est le plus beau et le le plus généreux. Fontanelle, on lui donnerait le bon god sans confession. Quid de ce disque en définitive ? J’l’ai déjà dit bordel : l’odeur des froufrous à vif, de la colère sans bas résilles ni culotte, aussi, et la qualité rare de ne jamais faire dans la coquinerie, pis ce numéro un peu schizo avouons-le, entre pure décharge féministissime et mâchage de chique viril : la frontière étroite où l’on finit par ne plus très bien faire la différence entre rimmel et goudron, la limite qui sépare l’ancrage du chibre dans la baie des morbaques et la morsure du piège à loup dissimulé sous la lèvre impératrice, le danger quoi, qu’on devine et qu’on se prend en pleine face juste après, en brèves giclées de sang. Kat fera parler la femme qui sommeille en toi, homme vil qui ne comprend rien aux cycles menstruels. Tu commenceras avec "Bruise Violet", lynchage en règle du "Violet" de Courtney (et règlement de compte avec l’intéressée par la même occasion : "You fucking bitch well I hope your insides rot, liar, liar, liar"), tu passeras par les petites bombes déchainées "Won't Tell" et "Jungle Train", tu passeras par de la ballade aussi car il en faut ("Quiet Room") ou de la semi-ballade ("Spun") et tu finiras sur "Gone", complainte langoureuse et douloureuse d’une fille violée et laissée pour morte au milieu des tessons de bouteille. Après l’écoute de ce beau crachat vicelard, on se pose un instant et puis on se dit que les donzelles, quand elles assurent comme ça dans le rock le plus charnel et le n’roll le plus farouche, ça devient limite rageant. Babes In Toyland donne toutes ses lettres de noblesse au genre éphémère riot grrrl et transcende tout ce discours féministe pas très profond qu’on lui a collé au derche pour en faire quelque chose de plus émotionnel, de plus intime... Parce qu’un coup de pied dans les couilles, oui, c’est intime.

note       Publiée le dimanche 30 mars 2008

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Note moyenne        8 votes

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SEN Envoyez un message privé àSEN

Avec la chronique de BUSH TETRAS de Twilight ça m'a donné envie de me remettre aux oreilles l'album "Painkillers" de B.I.T. et je me demande bien ce qui m'a pris de m'en séparer... De "Fontanelle" je ne connais que la version live présente en un seul morceau de 34 minutes sur "Painkillers", mais je m'en vais d'un pas ferme et décider réparer cet oubli !

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Seijitsu Envoyez un message privé àSeijitsu

Belle chro pour un bien bon disque. L'alliance entre les riffs pète-sec et la voix de Kat (tour à tour bien puissante et éthérée) fait des étincelles.

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JeuneEtPourris Envoyez un message privé àJeuneEtPourris

J'suis fan.

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boumbastik Envoyez un message privé àboumbastik
yessss, babes sur guts ! ! Cinx, Corbak. Petite réserve sur la kro, chouettos par ailleurs : "Babes In Toyland donne toutes ses lettres de noblesse au genre éphémère riot grrrl" Est-ce vraiment un genre à part entière ? Ce sont de sacrées gonzesses qui jouent du punk-rock noisy et qui disent ce qu'elles ont à dire. Comme plein de groupes de mecs, en somme.
Dun23 Envoyez un message privé àDun23
J'applaudis des deux moignons cette chro imagée qui donne envie, envie, envie.