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Suicide › A Way Of Life

cd1 • 9 titres • 39:45 min • a way of life

  • 1Wild In Blue4:34
  • 2Surrender3:48
  • 3Jukebox Baby '963:22
  • 4Rain Of Ruin4:04
  • 5Sufferin' In Vain4:42
  • 6Dominic Christ6:34
  • 7Love So Lovely6:34
  • 8Devastation4:00
  • 9Heat Beat4:18

cd2 • 8 titres • 47:14 min • live at "town & country" london

  • 1Dominic Christ6:34
  • 2Johnny3:34
  • 3Cheree5:08
  • 4Devastation7:14
  • 5Juke Box Baby '966:34
  • 6Girl6:27
  • 7I Surrender3:36
  • 8Harlem7:48

informations

Produit par Ric Ocasek.

Cette réédition nous fait cadeau d'un deuxième disque, un excellent live de 1987 au son acceptable en comparaison à pas mal d'enregistrements du groupe en concert. On pourra y entendre des versions plus indus de "Cheree", "Jukebox Baby '96" ou "Harlem", avec un Vega plus possédé que jamais au micro.

line up

Martin Rev (instruments), Alan Vega (voix)

chronique

Suicide, c’est bon pour le moral. Allez, disons le carrément : Suicide, c’est vital. Quand on a appris à vivre avec leur vision minimale et profondément malade du rock, on en vient rapidement à demander sa dose régulière, l’air de rien ; on se rend compte que Suicide est antidépresseur, que Suicide revitalise… mais trêves d’oxymores à deux balles, parlons plutôt de l’album. Depuis le second skeud et le split de Suicide l’année qui suivit, de l’éther à coulé sous les viaducs. Sept ans. Durant ces sept longues années, Suicide n’était plus, sauf à l’état scénique le temps de brèves retrouvailles, et pendant ce laps temporel le raz-de-marée new-wave-synth-pop et j’en passe aura pris le soin de piller sans relâche les deux éponymes du duo le plus subversif de l’histoire du rock (elle a déjà été faite, je sais). De Bronski Teub à Bouge-toi Maud, ils ont tous eu, le voulant ou non, une dette envers ces deux albums (j’en rajoute une couche sur le devoir de mémoire, d’aucuns me surnommeront la Simone Veil des chroniqueurs mais qu’importe). Passée la déferlante new wave, qui commence à s’amoindrir en cette année 88 (qui n’est pas seulement un code pour désigner le salut hitlérien mais une année, comme quoi on en apprend tous les jours dans les chros de Guts of Darkness), le duo décide de remettre les couverts avec A Way Of Life, qui, en plus d’avoir le meilleur titre dont un album de Suicide pouvait rêver - et joli clin d’œil au nom que devait porter le groupe à l’origine - a le mérite de s’inscrire dans la pleine continuité du deuxième méfait ; eh oui, le fait est qu'un troisième disque est souvent dans la continuité du deuxième (bah oui, je viens peut être de vous l’apprendre mais en général la suite d’un deuxième album c’est le troisième, en même temps c’est un petit peu logique, non ? … bref passons). Toujours sous la coupe de Ric Ocasek, peut être un poil plus aguicheur et fringuant, un poil plus smooth aussi, mais pas trop non plus. Et pis faut dire aussi, si les parades de Suicide semblent être plus dans l’air du temps, c’est parce qu’ils en ont été les premiers instigateurs, du coup tout leur est pardonné d’avance, que ce soit le coup de la dance version surgelé ("Wild In Blue"), le coup des paillettes EBM ("Sufferin’ In Vain") ou le coup du sempiternel remake de "Ghost Rider" ("Love So Lovely" et "Heat Beat"), c'est-à-dire du rock’n’roll en mode frigorifique et épileptique pour votre bon souvenir. Le plaisir d’entendre la voix réverbée de Vega et les pitchs bon marché de Rev sur des rythmiques plus dance joue à lui seul pour 95% de mes faveurs, les 5% restants étant attribués au charme unique de ce disque, qui n’est pas plus dans l’ombre du second que le second ne fut dans l’ombre du premier. Et là mon Jeannot, c’est le moment de la révélation : chaque disque de Suicide est une entité propre, avec un son propre (mais sale quand même), une vie et des affects propres. Les comparer entre eux pour faire un classement, finalement, ce n’est pas leur rendre justice. A Way Of Life, c'est un peu leur passeport vers les générations d’après-punk, leur réponse à eux face à la vague new wave ; un disque injustement négligé, pire encore : oublié. Malgré les suiveurs, la marmaille, les enfants du rock et les Just Like Heaven, le Suicide de 1988 sonne toujours hors du temps, hors des règles, hors des phases, et se joue bien des grammaires : la sienne est simple mais toujours aussi efficace, la gestuelle est certes plus adoucie mais les moments vraiment insane abondent, explicites ("Dominic Christ", funk zébulonesque dopé aux dragibus, "Rain Of Ruin", sorte de Bauhaus sur le dancefloor) ou voilés ("Devastation", un Stooges métastasé). Suicide nous redonne une lampée de rockabilly décharné et fantomatique ("Jukebox Baby 96", énième variation de "Johnny"), et Suicide offre surtout sa plus belle love song pour St Valentin sur ce disque: "Surrender", qu’on imaginerait volontiers au générique de Twin Peaks ou Blue Velvet ; une berceuse spectorienne, dégoulinante et belle à en pleurer – de naïveté, de niaiserie, de candeur mais aussi d’étrangeté – émaillée de chœurs féminins sirupeux, comme sortie d’un rêve dans lequel des mésanges en plastique viendraient picorer leur dose de LSD dans la main des amoureux. Là aussi, on est dans le malaise et la peur hypnotique, l’air de rien… Finalement, avec ce troisième album, Suicide prouve si besoin était qu’il reste en marge et se moque des opinions. Le binôme Revega n’a rien perdu de sa superbe au cours de la décennie eighties ; son aura psychotique reste intacte; et si ce Way Of Life sonne plus synth pop, plus FM, c’est qu’il n’est, fatalement, que le reflet de son époque : une version difforme de l’electro-pop et de l’EBM – difforme car modifiée par l’esprit tordu d’un Gene Vincent psychopathe et son autiste en lunettes noires aux claviers – difforme tout comme le furent les deux précédents opus, sans en être une pâle copie ou une vulgaire autoparodie, oh, loin de là. De toute façon le label rouge ne ment jamais, tout comme le slogan qu'on devrait coller au cul de tous leurs disques: "Écoutez cet album : c'est du Suicide."

note       Publiée le samedi 22 mars 2008

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    Raven Envoyez un message privé àRaven
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    Oui.

    (N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
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    "I Surrender", c'est un extrait de la BO de Twin Peaks avant que Twin Peaks n'existe, c'en est même assez dingue.

    Raven Envoyez un message privé àRaven
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    Tous les Suicide sont grands - sauf American Supreme (mon 4/6 sur Why be blue? concerne la version remixée par Rev, même si je suis toujours pas décidé à mettre la main sur l'originale; j'aime bien ce son claustro, c'est spécial)

    (N°6) Envoyez un message privé à(N°6)
    avatar

    Le live manque un chouia de reverb (lol) mais c'est le meilleur témoignage enregistré du groupe que je connaisse (Devastation, idéal pour vider une pièce de ses squatteurs). L'album original envoie des claques à chaque morceau, pour finir sur un "Heart Beat" vraiment hallucinant. FM mon cul, c'est du grand Suicide, plus indus et moins pop que le charmant Second Album, la prod de Ocasek leur fournit juste une puissance de feu impressionnante, le lo-fi le plus maousse qu'on puisse trouver. Me demande toujours pourquoi Lynch ne leur a jamais rien emprunté.

    Solvant Envoyez un message privé àSolvant
    Suicide 77/ A Way of Life/ American Supreme et vous avez ce qu'il vous faut de Suicide.
    Note donnée au disque :