Nemesis › Trajectory of Sound (Live Archive Vol 3)

Un bourdonnement cosmique initie les souffles métalliques d’un synthé en suspension. Le mouvement est lent, amphibique et s’agite sur de fins arpèges qui scintillent sur les flancs d’un ruisseau. Ces notes éveillent une séquence qui tambourine à l’ombre d’un synthé aux sombres nappes moulantes. Hypnotique et accrocheur Pauanne D Minor dérive lentement vers une belle mélodie au mellotron flûtée qui rayonne sur un synthé aux souffles bouclés et une séquence en parallèle aux battements aléatoires. Atmosphérique et planant, Kaiku Part 3 accentue l’essence spatiale qui gravite autour de Trajectory of Sound. Une étrange virée cosmique aux ondes métalliques inconfortables qui s’écrasent dans les rythmes hoquetants de Io-Io et ses percussions à la Jarre. Un titre lourd, explosif qui carbure sur des synthés enveloppants aux cercles frénétiques et survoltés sur une ligne de basse farouche et incisive. Le tempo s’accentue dans un univers sonore intense où refrains lyriques composent avec des solos de synthé perçant.
Totalement à l’opposé, Hiivala nous ramène sur terre avec ses intenses bourdonnements tribaux.
Les criquets forniquent dans cet espace aride où les souffles claniques se mêlent aux percussions aborigènes, reflétant l’univers surréaliste de Steve Roach sur des accords de guitare qui se perdent au milieu d’un solo déchirant, au milieu d’un désert chimérique et hostile. Raggaeniac poursuit cette ascension tribale avec un doux rythme jamaïcain. Un reggae électronique savoureux qui oscille sur de beaux solos, tant de synthé que de guitares et des percussions en plein dans le ton.
Shaman Drum et Pauanne F Minor sont deux superbes pièces qui clôturent admirablement bien ces dernières archives en concert de Nemesis.
Une lente procession hypnotique perce le vent métallique de Shaman Drum. Nous plongeons dans un univers musical bizarre où sonorités éclectiques semblent provenir d’une sinueuse caverne aux résonances fluviatiles, pour finir dans les vapes d’un synthé dense aux strates envahissantes. Un titre d’une étrange fascination qui termine son parcours sur des lamentations hachurées, nous conduisant aux premiers souffles de Pauanne F Minor. Encore là, l’univers musical de Nemesis reste clanique. Les éléments d’une nature instable sont propices à la modulation d’une superbe séquence cataleptique qui se dandine sur de douces percussions à saveur tribale. Monde désertique aux effluves Roachienne, Pauanne F Minor défile sur des interférences sonores parfois mélodieuses, tantôt intrigantes, dans une atmosphère tout simplement envoûtante. Une merveilleuse flûte mellotronnée enrichie cette onctuosité musicale qui gagne en intensité, tout en respectant son ascension hypnotique. Un délice auditif qui se veut le témoin de ce que les amateurs de MÉ contemporaine ont perdu avec la disparition de Nemesis.