Francisco Meirino / Tim Olive › Eagle Keys

Une constante assez étonnante du feuillet promo est celui du listage des lieux dans lesquels l’artiste a joué une performance. Ainsi donc, on apprend que Francisco Mereino aka ‘Phroq’ (oui, ça sonne mal en français) a joué entre autres à Los Angeles, Tokyo, Genève, Barcelone, et j’en passe. Plus vague pour Tim Olive puisqu’on n’a uniquement le droit à ‘Europe, Japon, Amérique du Nord’. Est-ce pour témoigner d’un goût du voyage, d’une culture sans frontières ou encore (pour faire taire ma mauvaise foi grandissante) d’une expérience de la performance en temps réel ? Je serai donc d’autant plus dur avec ‘Eagle Keys’ puisque les deux protagonistes ne sont pas nés de la dernière pluie. Présenté comme une œuvre jouant sur l’ordre et le chaos, la programmation et l’accident jouant de la carte ‘électro-acoustique’ pour les passages les plus calmes jusqu’aux rares passages bruitistes, ‘Eagle Keys’ n’en est pas moins indigent. Trop décousues et dépourvues d’optique pour être expérimentales dans le sens premier d’expérience, les deux plages n’en sont pas plus fascinantes d’un point de vue électroacoustique puisque se confinant à d’interminables grattements, réduisant les possibilités de la musique concrète à une vague parodie de celle-ci. On est loin de la précision sonore de Pierre Henry ou de l’impétueuse force qui dirige les œuvres de Francis Dhomont. On est, au risque de me répéter, dans le grattement brouillon, dans la vague ‘montée’ de drones sous-jacents, dans des formats inadaptés, trop longs et mal exploités. Un des reproches fait à la scène dite bruitiste expérimentale est d’enregistrer la moindre performance ou la moindre tentative sonore. Ce n’est pas de les enregistrer qui me pose problème, c’est bien de les sortir comme produit fini.