MoHa! › Norwegianism

En tombant sur un digipack rose écrit en tout petit uniquement illustré de photos lascives du visage d’une asiatique, qui de surcroit s’appelle "Norwegianism", il va de soi que votre serviteur s’apprêtait à vivre les minutes les plus soporifiques de sa vie. Encore un groupe nordique d’electro/quoi que ce soit qui a mal digéré les années 80 et leur trop plein de synthétiseurs flatulents ? Eh bien en fait, non. Il s’avère que Moha! n’est autre que le side-project de deux des membres d’Ultralyd, combo jazz-core bien virulent dont les mérites du premier album vous ont déjà été vantées par Saïmone en personne. D’ailleurs, sa critique du deuxième opus est attendue de pied ferme. Ce "Norwegianism" est également le deuxième opus de la paire Hana/Olsen, qui se défoulent ici, si besoin était, hors des carcans imposés par Ultralyd. Les voilà donc qui improvisent cet album probablement dans le même laps de temps qu’il nous faut pour l’écouter, s’acharnant sur des boites à rythmes cheap, des guitares trafiquées que n’aurait pas renié Lee Ranaldo lors de ses excursions microtonales, le tout sans oublier d’utiliser le silence comme l’arme la plus tranchante à leur disposition (white guilt fills the room). Le tout constitue une série de morceaux très courts (sauf les deux "Ibiza", assez épuisants), classés en plusieurs catégories par les auteurs. En gros, les "Home" sont les plus variés, évoquant Fantomas quand ils préfèrent jouer du cluster que du blast beat, les "Gay" (moha… mohahaha !) sont les plus electroniques, proche d’un Matmos, et les "Entry" sont les plus déconstruits, rejoignant quelque part les Game pieces de John Zorn qui divisent tant l’opinion. Bref, on va pas tergiverser, ceux qui aiment le chaos dans la musique ferait bien de jeter une oreille sur ce truc, ceux qui aiment quand il y a un fil directeur fuiront à toutes jambes, et ceux qui, comme moi, ont adoré "Cobra", de qui vous savez (non, pas Stallone… quoique), trouveront en ce disque la demi-heure la plus rafraichissante depuis un bail, symbiose parfaite enfin réussie entre les sons analogiques (batterie surtout, nappes de guitares en fond sonore), et numériques (euh, tout le reste), symbiose opérée dans le foutoir le plus complet. Le parfait contrepied à l’improvisation sensuelle et 100% naturelle de Panopticon, tiens.