Vangelis › Blade Runner Trilogy (25ième anniversaire)

Plus de 25 ans plus tard, 28 ‘’bootlegs’’ plus loin et d’innombrables spéculations sur le mystère toujours entier de Blade Runner (la trame sonore), Vangelis offre un calmant aux innombrables fans de cette bande sonore futuriste culte. Blade Runner Trilogy est un boîtier de 3 CD de musique entièrement remasterisée qui inclut deux nouveautés, eu égard à la trame musicale, et une vision plus contemporaine de son œuvre originale. Un calmant car ce n’est pas la totale. Ceux qui s’attendaient à obtenir tout, tout, tout des explorations musicales de Vangelis sur l’œuvre de Ridley Scott devront se contenter du DVD, car l’ouverture et certaines musiques d’ambiances sont absentes, et des pirates pour les morceaux non retenus. Rappelons que Ridley Scott a aussi mis en marché un coffret DVD pouvant aller jusqu’à 5 versions différentes de son film…Des éléments qui sont les témoins de la légendaire dissension sur ce film tiré d’un roman de Philip K Dick.
Si le CD 1, qui est tout a fait identique à l’édition originale de 1994 (remastering en plus), entrelaçait les atmosphères aux mélodies futuristes, le 2ième CD se concentre sur les structures musicales plus atmosphériques et les effets sonores qui ponctuent les moments d’angoisses, de suspenses et d’émotions du célèbre film. Tout est en suspension, en attente sur des strates synthétisées errantes qui valsent lentement parmi des partitions de mélodies qui valsent aux travers des strates sombres teintées d’ambiances cybernétiques et de projections dramatiques. Annexées à des images vidéo ces structures ajoutent au surréalisme visuel. Mais quand est-il sans les images? Eh bien, faut admettre que Vangelis a réussi tout un travail de montage et de mixage. Car tout coule comme une douce mélancolie futuriste qui respecte tant la chronologie du film qu’une ’évolution musicale indépendante. Les 2 titres en prime séparent les teintes atmosphériques avec des approches plus mélodieuses, toujours versées sur une mélancolie qui frise une déprime aussi réelle que la vision futuriste assez pessimiste de Ridley Scott. Le 3ième CD est la surprise de ce coffret. Laissant libre cours à son audace d’antan et respectant les atmosphères sombres et métalliques du film, Vangelis offre sa nouvelle vision de Blade Runner.
Sur des dialogues de personnalités comme Roman Polanski, Oliver Stone, Ridley Scott et autres, Vangelis explore des sonorités contemporaines sur des élans retenus de sa musique originale. Une musique électronique, parfois tranchante, qui baigne dans un climat plus tiède par rapport à la version originale. Si les atmosphères nébuleuses et mélancoliques y sont toujours présentes, on perçoit un brin de clarté. Un peu comme si Vangelis y voyait plus une histoire d’amour qu’une histoire de robots, ou qu’il tente de fuir la facilité du plagiat.
Toujours est-il que ce 3ième CD est tout simplement superbe et démontre que le synthésiste Grec a toujours le feu sacré dans les sphères électroniques. Des atmosphères sombres, nous plongeons dans une superbe refonte de One More Kiss, Dear sur des strates ralenties de Blade Runner (End Title). Vangelis fusionne rythmes solides, pesants (No Expectation Boulevard) et ambiances nostalgiques (Vadavaro, Spotkanie Z Matka , The Piano in an Empty Room), sans toutefois embraser la mélancolie et la noirceur de l’original. Respectant certaines structures des effluves des cabarets futuristes du film, Vangelis verse tantôt dans des rythmes rap et techno (BR Downtown et Dimitri’s Bar) et effleure la noirceur sensualité de son œuvre originale avec des titres comme Sweet Solitude et Perfume Exotico. Du beau et du bon Vangelis, qui fusionne ses élans de nostalgie à la Opéra Sauvage à ses sombres et percutants moments de Blade Runner et The City. Du bon, du très bon Vangelis qu’il est si plaisant de ré entendre.